Commentaire de Kiki1744

« A mains nues » c’est entre roman et essai ; autobiographie et fiction : la narratrice parle d’elle-même à la 3° personne du singulier pour parler de celle qu’elle a été et emploie le « Je » pour fixer le moment où elle devient mère et s’interroge sur l’éducation à donner à son fils pour qu’enfin l’égalité des sexes soit désormais une évidence. Mais c’est compliqué de lutter contre les préjugés ancrés dans la mémoire collective tout comme devenir mère en restant femme et « travailleuse. »

C’est « A mains nues » que l’autrice explore toutes les voies du genre et de la sexualité au féminin par une auto-introspection comme s’il s’agissait d’enlever une à une de ses propres mains, les pierres de cet édifice érigé depuis la nuit des temps pour faire de la femme une salope, une pute, une fragile, une moins que rien, une tout à tout, celle qui subit , celle qui gère, celle qui n’a pas les mêmes errements permis que les hommes, celle qui est raisonnable puisqu’elle est mère, celle qui est vieille et veut encore connaître la jouissance même enfermée en EHPAD : un comble. C’est la femme qui veut encore et toujours exister dans ce combat revendicatif de sa place : combat inégal voire illégal qui ne peut s’entamer qu’ « A mains nues » car la femme n’a pas d’autres armes. Elle est quand même un peu seule contre toutes et tous.

Un beau roman écrit dans une langue juste, précise, décapante renforcée par cette dose d’humour noire qui nous fait rire un peu jaune, surtout nous, les hommes. Un bel essai sur la féminité, le droit des femmes à disposer d’elles mêmes et le droit d’être l’égal de l’homme, basé sur l’expérience de l’autrice et ses réflexions.