Extraits

Elle a marché pendant une demi-heure, ses pieds nus dans le bord écumeux de la mer, puis elle a rebroussé chemin le long du sentier de la falaise et regardé son mari, cinq minutes après l'heure dite, claquer la portière et mettre le contact. A l'instant où il partait, elle a sauté sur la route et arrêté la voiture. Puis elle est montée et a passé le reste de son existence avec un homme qui serrait rentré sans elle.

Le long de la route, une petite poule dodue marchait d'un air décidé, la tête en avant et ses pattes s'agrippant aux pierres. C'était une très jolie poule, aux plumes bordées de blanc, comme si elle s'était poudrée avant de sortir de la maison. Elle a sautillé sur l'accotement herbu et, sans regarder à droite ni à gauche, a traversé la chaussée en toute hâte, puis s'est immobilisée, a remué ses ailes et s'est dirigée droit vers la falaise.

Il semble opportun de chercher un souvenir heureux pour rendre la séparation plus difficile, mais rien ne se présente à ton esprit.

Elle disait que, si elle avait pu tout recommencer, elle ne serait jamais remontée dans la voiture. Elle serait restée et se serait prostituée plutôt que de rentrer. Neuf enfants, elle a mis au monde. Quand il lui a demandé ce qui l'avait poussée à remonter dans la voiture, elle a répondu : "L'époque l'imposait. C'est ce que je croyais. Je pensais ne pas avoir le choix."

Il a une capacité d'émerveillement, attache une grande valeur à des choses ordinaires que les autres dédaignent pour la simple raison qu'elles se produisent tous les jours.

Tout homme avait besoin de certitudes. Elles aidaient à trouver un sens à la journée.

Chaque vague semblait freiner devant les falaises, ralentir avant la fin de sa course, et pourtant les vagues successives continuaient, comme si elles n'avaient rien appris des précédentes.

Elle disait que la parole menait à la connaissance de soi. La conversation visait à dévoiler ce que, dans une certaine mesure, on savait déjà.

Rêver est presque devenu l'équivalent d'avoir quelqu'un à qui parler

Elle croyait que, dans toute conversation, il existait un bol invisible. La parole était l'art de placer des mots adéquats dans le bol et d'en sortir d'autres. Dans une conversation amoureuse, on se découvrait de la façon la plus tendre, et à la fin, le bol était à nouveau vide.