Extraits

« Tu guideras avec la sagesse de ton esprit

Tu soigneras avec la douceur de ton âme

Tu protégeras avec la force de ton cœur. »

— Pourquoi ? ne peut-il s’empêcher d’insister.

Je pourrais lui expliquer à nouveau que c’est mon rôle, que les druides ont bien des compétences et des responsabilités, tout en sachant que ça ne le convaincrait pas plus. J’opte cependant pour une vérité bien plus personnelle et douloureuse.

— Parce que je sais ce que c’est d’être prêt à tout pour protéger quelqu’un qu’on aime.

Le brun de ses yeux gagne en chaleur et quelque chose d’inattendu s’installe entre nous.

De la compassion.

Silence. Du coin de l’œil, je vois Kosumi se lever, la main tendue vers moi.

— Tu t’es pointée chez moi armée ? gronde l’Alpha.

— Je suis toujours armée, Lonan. Tu vis dans le monde des Bisounours ou quoi ? 

L’Alpha et moi mettons un terme à notre affrontement visuel pour nous tourner vers les escaliers. Sur la marche du bas, Cameron s’appuie sur la rambarde, la fiole fermement serrée dans son autre main. Son teint livide me réveille. Je le rejoins en quelques enjambées et me place devant lui.

— Je dois lancer… ? chuchote Cam.

— Non.

Outre le fait que ces lycans n’ont rien fait d’autre que de me les briser en ne déguerpissant pas, cette fiole risque de tapisser le salon d’hémoglobine. Et j’ai tout sauf envie de m’atteler au nettoyage de la pièce avant même le lever du soleil.

Lonan détaille Cameron avant de reporter son attention sur moi et le poignard que je tiens levé vers lui. Un court instant, je crois voir son expression froide d’Alpha surpuissant se fissurer.

— Sortez de chez moi ! répété-je d’une voix cassée.

Je ne suis pas seule.

Des années de cavale et une éducation de druide ont façonné mon instinct en une arme acérée. J’inspire et expire lentement, puis tourne sur mes talons.

Je distingue derrière un arbuste la silhouette d’un lycan. Si le bas de leur corps change peu par rapport à leur forme humaine, le haut, lui, se développe considérablement, leur conférant un buste triangulaire. Recouverts de poils drus et épais, ils sont difficiles à manquer et impossibles à confondre avec de vrais loups.

Sérieux…

Je me doutais que l’Alpha me ferait suivre, cependant j’espérais me tromper. Dommage pour lui, je suis du genre prévoyante.

Plutôt que de chercher le conflit ou de leur hurler de dégager, je poursuis mon chemin comme si de rien n’était et cueille d’autres plantes. Je suis persuadée qu’aucune fée ne se montrera alors qu’ils sont dans les parages, ce qui m’agace d’autant plus.

Confiants, les trois lycans se rapprochent peu à peu, indifférents au fait de me montrer qu’ils me surveillent.

Satisfaite de ma cueillette, je reprends le chemin de ma maison et glisse discrètement ma main dans ma poche.

Un petit sachet attend mes doigts agiles, qui déversent du poivre finement moulu dans mon sillage.

Un premier éternuement guttural retentit, suivi d’un second. Une mélodie dissonante et improbable prend vie derrière moi pendant qu’un sourire fleurit sur mes lèvres.

Je l’ai toujours dit à Cam : il ne faut pas emmerder les gens plus malins que soi.

— Pourquoi ? ne peut-il s’empêcher d’insister.

Je pourrais lui expliquer à nouveau que c’est mon rôle, que les druides ont bien des compétences et des responsabilités, tout en sachant que ça ne le convaincrait pas plus. J’opte cependant pour une vérité bien plus personnelle et douloureuse.

— Parce que je sais ce que c’est d’être prêt à tout pour protéger quelqu’un qu’on aime.

Le brun de ses yeux gagne en chaleur et quelque chose d’inattendu s’installe entre nous.

De la compassion.