Extraits

- Bonjour ! la salua-t-il alors qu'elle se précipitait dans la bibliothèque. Jolie robe ! Tu la portes à l'intention de quelqu'un en particulier ?

- Oui, aboya-t-elle. Moi-même !

- Ouille ! Tu devrais être plus aimable envers ton roi, mon champion !

- Certainement pas ! répliqua Alanna.

Chapitre 7 :

_ […] J’ai réfléchit à l’idée de nommer un champion du roi.

Alanna sentit une boule se former dans sa gorge.

_ Oncle Gareth était celui de mon père, poursuivit-il. Cela semble avoir été une tâche facile pour lui…

_ Grâce aux dieux, coupa sèchement le duc. Aucune autre ne l’était.

Johathan se joignit aux gloussements de tous avant de reprendre.

_ Si l’on excepte son rôle dans le couronnement de mon père, il n’a jamais été appelé à représenter ou à défendre le trône. Je crois que beaucoup ont oublié l’existence de cette fonction. Mon oncle n’en veut plus. (…) Nous avons le sentiment qu’il faudrait quelqu’un de jeune. Un combattant confirmé, bien sûr. Connu de notre peuple et de nos voisins.

Alanna ne voyait que trop clairement la direction qu’il prenait.

_ Raoul, gémit-elle en regardant le commandeur.

Celui-ci sourit et fit un signe de dénégation.

_ Ou Gary, tente-t-elle alors que celui-ci tripotait sa moustache pour dissimuler son sourire. Tous deux des jeunes gens parfaits et forts, aimés de…

_ Non trancha Jonathan avec fermeté alors que tous les assistants essayaient de cacher leur amusement. Je les veux là où ils sont : Raoul à la garde royale et Gary Premier ministre.

_ Geoffrey de Meron, s’obstina Alanna. Noble, bien plus respectable que moi…

_ J’ai fait mon choix.

Le prévôt fut le dernier à rire sous cape quand Jonathan reprit la parole. Tout le monde à part lui avait déjà assisté à ce genre de confrontation entre le prince et son écuyer têtu.

- Les affaires bont bien ce soir, se réjouit Windfeld, et même très bien. Ce n'est pas une surprise, avec vous et le Dragon de Shang.

- Le Dragon de Shang ?

Elle n'avait jamais eu l'occasion de s'entretenir avec l'un de ces guerriers shang légendaires. Elle en avait toujours rêvé. Et voilà que les dieux l'avaient mise dans la même auberge que le meilleur d'entre eux !

- Il est là ? Allez-vous me présenter ?

Windfeld la regarda d'une étrange manière.

- J'ai pensé que vous n'aviez pas besoin d'être présentée, vu la manière dont vous bavardiez tous les deux.

"Qu'y faire ? pensa-t-elle en sortant Eclair de Feu de son fourreau, tout en faisant des moulinets pour décontracter ses bras. La prochaine fois que je partirai en quête d'un objet, j'espère que ce sera dans un coin poussiéreux où personne ne verra que je m'en empare. Je l'ai bien cherché, après tout."

Quelque chose s'avançait vers elle en provenance du tunnel. Se plaçant au centre de la caverne, Alanna se prépara.

Quand la chose se présenta devant elle, elle comprit aussitôt que Chitral avait pris cette forme. Elle n'aurait su dire comment elle le savait, mais elle en était sûre. C'était l'un de ces énormes singes des rochers, habitants du Toit du Monde. Très timides, on les apercevait rarement, et eux ne portaient jamais d'épées courtes. La lame en fer noir était très primitive, mais Alanna ne doutait pas qu'elle remplirait parfaitement son rôle. "Oh, par les dieux ! pensa-t-elle, alors que le singe se préparait à l'assaillir, ses yeux enfoncés dans leurs orbites brillantes d'intelligence. Je suis vraiment dans le pétrin."

« La vérité, c’est que nous n’avons jamais considéré la mort de la même façon […]. Tu n’y vois qu’une fin. Pour moi, c’est la manière dont on s’en va qui compte. Mourir pour des choses importantes, c’est mieux que de vivre sans prendre de risques. »

— Est-ce une charmante habitude que tu as, ou a-t-il vraiment parlé ? lui demanda-t-il, l’air étrange, tendu, ses yeux d’une pâle couleur de cristal.

— Il parle. Parfois, d’autres personnes le comprennent, mais la plupart du temps ce n’est pas le cas. C’est Fidèle qui décide.

— De la magie, fit Liam en fronçant les sourcils. C’est vrai, tu la pratiques.

— Tu as quelque chose contre ceux qui ont le Don ? l’interrogea-t-elle, sur la défensive.

Ils se dévisagèrent un long moment, jusqu’à ce qu’il sourie et lui pince le nez. Ses yeux couleur de cristal étaient devenus bleu-vert.

— Puisque c’est toi, chaton, je ferai une exception.

Alanna décida qu’il était temps de faire galoper Clair de Lune. Elle talonna à peine la jument qui partit comme une flèche, laissant le Dragon derrière elle. Pour un petit moment.

« Il y a tant de choses que nous ignorons l’un sur l’autre, réfléchissait-elle en regardant Liam préparer leur dîner. Je sais qu’il est le Dragon, ce qui signifie qu’il est brave, qu’il a l’esprit d’aventure et sans doute un caractère difficile : les dragons sont censés être violents et protecteurs. Cela signifie qu’il est un héros, si tant est qu’il existe de vrais héros. Viendra-t-il sur le Toit avec nous ? Je me sentirais bien plus tranquille si je savais que j’avais un Dragon pour couvrir mes arrières là-haut. »

Liam leva les yeux vers elle et ils ne se quittèrent plus du regard.

Coram rompit le silence en donnant une tape amicale au Dragon.

— Je te prie d’attendre pour lui faire la cour que je ne sois pas là, lui conseilla-t-il. J’ai toujours une position de père vis-à-vis d’elle. Et vas-y doucement. Elle n’a pas l’habitude de ce genre de petits jeux.

Liam lui fit un grand sourire et Alanna devint écarlate.

— Je n’ai pas besoin qu’on parle à ma place ! protesta-t-elle.

C’est ça ! ironisa Fidèle.

Coram s’esclaffa et Alanna décida d’aller faire un tour plutôt que de rester là et que l’on se moque d’elle.

— J’reviens dans une minute, chérie ! brailla-t-il avant de se diriger vers les lieux d’aisances.

Dès que le garde fut hors de vue, la femme s’approcha de la table d’Alanna. C’était au tour de Liam de jouer, et toute son attention était concentrée sur l’échiquier. Coram vit l’expression de défi sur le visage de sa maîtresse. Il leva les yeux pour comprendre la raison de cet air renfrogné et se mit à sourire.

— Vous êtes bien calmes, les gars, roucoula la femme en posant la main sur l’épaule de Liam.

Celui-ci la regarda, surpris.

— N’avez-vous pas envie de compagnie… féminine ? continua la Marénite.

Alanna se leva et lança, rageuse :

— Là d’où je viens, il est considéré comme poli de rester avec l’homme avec lequel on est arrivée !

— Mais le Seigneur de Guerre n’a pas d’hommes pour vous protéger ? s’étonna Liam.

— Ils se sont sauvés, déplora Buri d’un ton ouvertement méprisant.

— Buri, ce n’est pas juste ! protesta Thayet. Ils avaient peur, dit-elle à Liam. Ils n’avaient aucun moyen de savoir si leurs familles étaient en sécurité.

Buri haussa les épaules.

— Pour parler simplement, ça reste la même chose : ils se sont enfuis.

Thayet foudroya sa compagne du regard.

Coram prit le bébé à bout de bras et le secoua avec douceur, remercié par un couinement joyeux.

Alanna se sentit bizarre. Son serviteur aurait pu avoir une famille il y a des années, s’il n’avait pas travaillé pour Trebond.

Celui-ci lui coula un regard.

— Ne commence pas à te dire que tu pourrais me ramener vers Rispah. Nous avons quelque chose à faire avant de rentrer. (Il lui posa la main sur l’épaule.) Je t’ai élevée. Et je ne me plains pas de ma vie.