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Elle se tourna vers son époux et osa lui sourire. L'œil sombre et sévère de Louis s'illumina brièvement. Elle y lut soudain une admiration passionnée, qui la rassura sur ses pouvoirs. Elle se promit que leur mariage serait béni du ciel et fécond. Elle lui donnerait tous les fils possibles pour assurer son lignage et la perpétuité du trône de France.
Avec sa jeune sœur Pétronille, elle avait évoqué la nuit de noces. On était de mœurs plus libres et plus libertines à la cour d'Aquitaine qu'à celle d'Île-de-France. À écouter les troubadours vanter les baisers, les caresses les mieux prisées des dames, à lire Ovide, Aliénor ne voulait pas d'un amour qui n'aurait été que courtois. La prochaine nuit l'attirait. Elle devinait qu'elle serait maîtresse de leurs jeux et prêtresse de leurs désirs. Aussi offrit-elle à nouveau, devant le regard anxieux que Louis levait vers elle, un lumineux sourire. Offre de paix. Offrande amoureuse.
Afficher en entierLe visage dissimulé par son voile, Aliénor observait discrètement celui qu'on lui destinait comme mari. Dès son enfance, il avait été habitué à glisser sans bruit dans la paix des cloîtres, tête baissée, mains rentrées dans sa robe en signe d'humilité et il n'avait su se départir de cette allure furtive seyant si peu à un prince de France. Grand et mince, il semblait fragile, sans cette musculature des hommes accoutumés aux joutes et aux chasses. Son visage avait gardé la pâleur des jeûnes et des prières. Il n'avait que dix-sept ans et paraissait plus vieux, tant sa physionomie restait sévère et fermée.
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