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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T18:00:05+02:00

Le fait qu’il pût plaire à une femme, ou tout au moins qu’une femme se laissât aimer de lui, était toujours pour Marc un sujet d’étonnement, et chaque fois que ce fait lui devenait évident, il inclinait à croire que c’était l’effet d’un hasard, un miracle, et que ce phénomène insolite ne se reproduirait jamais plus dans sa vie. Ce n’était pas qu’il fût exempt de fatuité, mais cette fatuité était toute en surface, et au fond il se jugeait sévèrement et n’avait aucune confiance en lui-même.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:59:52+02:00

Ce n’était déjà plus le temps où cette pensée l’occupait même pendant la journée : l’époque d’incertitude, d’effort, de chagrins et de joies alternés et enfin de victoire ardente, pendant laquelle il s’était préparé ce bonheur et l’avait conquis. Le temps de l’impatience et de la hâte, lui aussi, était passé. Et peut-être que cette phase, pendant laquelle Édith et lui étaient surtout deux complices de leur plaisir mutuel, seulement attentifs l’un à l’autre, ennemis de tout ce qui les empêchait d’être seuls ensemble, touchait maintenant à sa fin. Une phase plus calme et, somme toute, meilleure, commençait : leurs habitudes avaient fait connaissance et s’entendaient bien ; ils goûtaient plus lentement et plus savamment leur bonheur, et le perfectionnaient ; et ainsi ils allaient s’unissant plus étroitement chaque jour, s’identifiant peu à peu l’un à l’autre. Déjà, pour Marc, l’idée ou le sentiment qui était présent en lui lorsqu’il disait : « chez moi » était composé de tous les souvenirs qu’il avait non seulement de ses murs et de ses meubles, de son feu, de ses livres et de ses repas, de ses nuits et de ses levers, mais encore, et surtout, des souvenirs, sans cesse augmentés et enrichis, qu’il avait d’Édith Crosland. Elle était ce qu’il y avait de plus précieux, de plus intime, de plus voilé chez lui. Et tout cela, pour Marc, se résumait en cette pensée : qu’après ses heures de travail il allait, dans un moment, retrouver une femme aimable et douce qui l’attendait.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:59:42+02:00

Dans le taxi qui maintenant le ramenait chez lui, le premier mouvement de Marc fut d’allumer une cigarette ; mais il s’en abstint : il voulait conserver autour de lui la délicate odeur qu’avait laissée celle qui venait de le quitter. Était-ce tout ce qui lui restait d’elle ? Il aurait dû lui demander quelque souvenir tangible : son masque (elle dirait qu’elle l’avait perdu) ou le ruban de ses cheveux. Elle avait peut-être laissé tomber son mouchoir ? Il se baissa, et sa main, en tâtant le fond de la voiture, rencontra quelque chose de mieux que ce qu’il avait espéré trouver : un grelot, qui s’était détaché de la jupe de satin à rayures blanches et bleues. De la jupe ? oui : ceux de la marotte étaient beaucoup plus petits. Un grelot qui avait tremblé et tinté à chacun de ses mouvements ! A vrai dire il ne tintait plus maintenant, car on avait marché dessus, elle sans doute, et ainsi le petit grelot avait vécu et était mort délicieusement. Marc le déposa avec soin au fond de la poche intérieure de son gilet ; et alors il s’abandonna à sa grande joie.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:59:32+02:00

Toutes les pensées de Marc s’élevaient du sein d’une grande joie tranquille. C’était donc vrai : l’éblouissante apparition, la Fée, la jeune Folie blanche et bleue, — il l’avait tenue dans ses bras, et ce visage vers lequel il osait à peine élever ses regards, il y avait à peine une demi-heure… Ah, ce n’était qu’une petite mortelle, après tout ; mais une si douce petite mortelle. Ensuite il se reprocha d’être si ému, et d’attacher tant d’importance à ce qu’il venait de faire. Il se dit qu’il était resté bien collégien malgré ses vingt-cinq ans, et qu’un homme de son âge qui embrassait une jeune fille devait le faire délibérément, et même presque distraitement. Sûrement les vrais séducteurs devaient prendre un premier baiser avec autant de calme qu’un employé des postes oblitère un timbre. Quoi, cette enfant paraissait bien moins émue que lui !

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:59:24+02:00

Marc n’était pas encore très sûr de ses goûts en poésie, et il se rappela qu’il avait dit, précisément à propos de celle-ci, qu’elle était un peu trop dans le genre des cartes postales à sujet sentimental. Mais presque en même temps il revit d’autres regards dont le souvenir l’avait suivi pendant des jours, regards cruellement tendres, donnés comme une aumône ou comme une promesse qu’on sait qu’on ne tiendra pas : regards de jeunes filles accompagnées, de femmes assises auprès d’un homme, regards de jeunes mariées en voyage… Mais dans les yeux de Queenie, il n’y avait rien que de la gaieté, de la franchise, et quelque chose comme une rêverie vague et douce.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:59:10+02:00

Mais lorsqu’il se vit assis entre l’éblouissante apparition et la femme qui ne lui refusait rien et qu’il songea qu’après tout l’éblouissante apparition n’était que la fille de cette femme, son sang-froid et sa lucidité lui revinrent, et il se mit à parler, sans se préoccuper de son accent étranger, et seulement attentif à ne pas appeler Mme Crosland, devant sa fille, « Edith » tout court. Et bientôt, en réponse à une question de lui, la Fée se mit à raconter comment elle s’était déguisée, et la hâte avec laquelle il avait fallu découdre, puis recoudre, pour ajuster le costume trop étroit. Elle riait, et par instants sa voix montait plus haut qu’elle n’aurait voulu. Mais ses gestes, tandis qu’elle coupait les tartines et les portait à sa bouche, restaient calmes. La blancheur vivante de ses mains et de ses bras contrastait avec la blancheur dure de la nappe ; mais les deux blancheurs paraissaient faites l’une pour l’autre, et de toute la personne de Queenie se dégageait une impression de vie saine, délicate et propre. Elle était aussi douce, polie et pure que peut l’être la créature humaine. Enfin Marc soutint l’éclat du visage, où il vit la même santé, la même douceur, la même pureté, vivantes, parlantes, et regardantes. Le blanc même des yeux brillait, et quelques instants plus tard, tandis que le reste de la figure était caché par la tasse où elle buvait, il rencontra les yeux tranquilles, d’un bleu lointain et pur, et il songea aussitôt à ce lied où le poète dit que, lorsqu’il pense aux yeux de celle qu’il aime, un océan de pensées bleues submerge son âme :

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:59:01+02:00

A l’entour, rien ne s’étonna, et l’après-midi de ce samedi soir de mai continua sa vie pensive, aussi indifférente à l’arrivée des Fées qu’elle l’avait été, quelques heures plus tôt, à la cessation du travail de la semaine, ce cataclysme qui emportait des millions d’êtres humains, fuyant le travail, loin du centre de la ville. Et Marc vit que les Fées, pour se montrer au grand jour de la rue, s’étaient déguisées en personnages de la Comédie italienne. Arlequin fut le premier à descendre du char, et Colombine, pesant, l’espace d’une seconde, sur sa main levée, sauta à pieds joints du marchepied sur le trottoir. Les autres suivirent, et celle qui descendit la dernière fut une petite Folie blanche et bleue en masque de satin blanc qui s’avança jusqu’à l’extrémité du trottoir et agita dans la direction de la fenêtre d’où Marc la regardait sa marotte de rubans bleus et blancs. Puis elle courut rejoindre ses compagnons, et tous pénétrèrent dans la maison devant laquelle leurs chars s’étaient arrêtés.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:58:54+02:00

Elles vivent, mais il y a chez elles une telle volonté de calme et de paix que, dans ce coin de la ville, on dirait que des abîmes de silence séparent tous les objets, même les plus proches les uns des autres. Au XVIIIe siècle on fabriquait ici de la poterie ; mais à présent on y cultive, avec des soins infinis, le précieux silence. Ici, chaque chose est à part de toutes les autres : les jardins, les arbres citadins sous leur revêtement de suie humide, les chapelles, les hôpitaux, la station des taxis, toutes ces choses existent sans bruit, sans rien qui laisse voir au passant leur activité. Tout est solitaire et discret ; les couleurs même se taisent et demandent à être regardées plus attentivement qu’ailleurs, et ce n’est que de tout près, et les jours de soleil, qu’on s’aperçoit que le pont tendu sur ses hauts piliers comme une double guirlande d’une rive à l’autre a son armature peinte en vert. Et le fleuve ne se distingue de la brume que par une sourde lueur d’argent, ou de cuivre, selon les heures… A l’horizon rempli d’usines, un groupe de hautes tours, une famille de noires Babels, marque les limites de la ville — si elle a des limites, — du côté de l’Occident.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-09-25T17:58:44+02:00

Du lierre et du verre, et partout le teint rose et délicat des briques sous le hâle noir lentement accumulé par l’air chargé de vapeurs, de fumées et de couchants rouges… Des rues calmes, et qui restent calmes malgré leurs passants : comme les quais du fleuve ; comme la rue de l’Église, qui fut au siècle dernier la grand-rue d’un village de banlieue, dont les arbres et les verts terrains vagues descendaient jusqu’à la rive.

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