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Fredrik regardait le mouchoir dans sa main comme s’il ne savait pas quoi en faire, comme s’il n’avait pas conscience des larmes qui gouttaient sur son tee-shirt.
— Elle était notre seule enfant, dit-il.
Est, voulut rectifier Charlie. Elle est votre seule enfant.
Fredrik se rassit. Charlie vit le tremblement de ses mains quand il porta la tasse à ses lèvres. Ce qu’il venait de leur apprendre ne contribuait pas à leur donner une image plus cohérente d’Annabelle. Plutôt le contraire : une personnalité contradictoire, pensa-t-elle. Une jeune femme complexe.
— Ce jour-là, reprit-elle, vendredi. S’est-il passé quelque chose d’inhabituel ?
Fredrik la regarda.
— Comme quoi ?
— Une dispute entre vous, par exemple ?
— Je ne l’ai pas vue ce jour-là. Je suis parti à six heures du matin et je ne suis revenu à la maison que vers dix-neuf heures. Je travaille à Bäckhammar.
L’usine à papier, précisa-t-il. Une machine était en panne, j’ai dû faire des heures sup. Annabelle venait de partir quand je suis rentré.
— Et Nora ?
— Eh bien, elle, elle était à la maison, alors elles se sont vues. Avant l’école et après.
— Sais-tu comment ça s’est passé entre elles ?
— Nora m’a dit qu’elles s’étaient un peu disputées au sujet des horaires, mais rien de grave. Elles ont toujours des discussions là-dessus, dès qu’Annabelle veut sortir.
— Et sinon ? Leur arrive-t-il de se disputer à d’autres sujets ?
— C’est presque toujours en rapport avec les règles, et le cadre en général.
Charlie avala sa salive et décida de poser la question qui fâche.
— Vous est-il arrivé d’user de violence envers Annabelle ?
Fredrik la regarda, choqué.
— Qu’est-ce que c’est que cette question ?
— Simple routine, éluda Charlie. Rien de personnel.
— La réponse est non. Nous ne sommes pas du genre à frapper les enfants.
Et bien sûr que je le prends personnellement. Me faire traiter comme un suspect, en plus de tout le reste !
— Tu n’es pas considéré comme un suspect, intervint Anders. On est obligé de poser la question, c’est tout
Afficher en entierJohan, lui, observait la salle. Il dit que Gullspang était vraiment un endroit particulier. Il n'avait rien vu de tel.
- Regarde autour de toi. Ils sont tous tellement ... Je ne sais pas mais... Comment dire ? Différents.. Directs...
- C'est l’alcool.
John se déclara d'accord. Il n'avait jamais vu autant de gens boire autant.
Afficher en entierPourquoi lis-tu autant ma chérie?
Charlie répondait qu'elle lisait parce que ça lui plaisait. Point barre. Elle ne s'aventurait jamais à décrire la sensation que lui donnait la lecture, celle de pénétrer d'autres mondes, de se dépouiller de sa réalité, de devenir quelqu'un d'autre, ailleurs.
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