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Sa voix était pleine des larmes que ses yeux ne pouvaient plus verser. Le bébé continuait ses lamentations, ce qui m’incita à croire qu’il allait bien. C’est à ce moment que j’entendis mon ange s’écrier : « Mon Dieu, non, pas lui! » Je sentis une aiguille piquer mon bras, un masque fut appliqué sur mon visage. On m’encourageait à respirer. Des yeux, je fouillais le vide qui m’entourait. Je ne sentais plus rien à présent, j’étais engourdie par le froid du carrelage. Tristan était omniprésent. J’éprouvai beaucoup de mal à me concentrer sur autre chose que le sang qui battait contre mes tempes. Mon cœur en marquait le rythme de plus en plus lentement.
— Est-ce que je suis en train de mourir? chuchotai-je trop faiblement pour que les brancardiers, qui s’affairaient sur mon corps blessé, m’entendent.
Mais Tristan réagit.
— Non! rugit-il. Tu n’es pas en train de mourir. Tu vas t’en sortir. Bon sang, Lou, je te le jure, tu vas t’en sortir! Bats-toi, chérie. Je t’en prie, bats-toi!
Où était-il? Je le sentais en constant mouvement autour de moi, sa voix me provenant de tous les côtés à la fois. Mais il demeurait invisible. C’est alors que je rencontrai un regard qui me marquera comme le sceau d’une promesse. Ces yeux gris fixés sur moi, du même ton argenté que ceux de Tristan, ces yeux desquels la vie se retirait, étaient ceux du policier qui était intervenu. L’homme était allongé à seulement quelques centimètres de moi et nous étions encerclés de secouristes. Je voulus tourner la tête, mais le regard gris me retenait. Il me rappelait une scène semblable : Tristan allongé sur le sol, mourant entre mes bras. Je ne voulais pas me souvenir.
— Non! voulus-je hurler.
Mes lèvres s’arrondirent, mais aucun son n’en sortit. L’étreinte de Tristan s’intensifia, elle m’étouffait. Je voulus tourner la tête, m’échapper, mais les prunelles grises, humaines, refusèrent de lâcher prise. Elles étaient de plus en plus troubles. Le sang, qui s’écoulait d’une blessure à son front, dissimulait la moitié des traits de l’homme.
La douleur revint à la charge. J’avais chaud et froid, je ne distinguais plus rien nettement.
— Tristan, répétai-je. C’est ça, mourir?
— Non, ce n’est pas cela! Bats-toi! Je suis là, je ne te laisserai pas abandonner!
Mes paupières finirent par céder, me libérant enfin du regard obsédant qui avait emprisonné le mien. Mes lèvres s’entrouvrirent et je cessai de respirer...
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