Livres - Bibliographie

Le vent qui hurlait dans le canyon me piquait. C'était douloureux. Mais ce genre de douleur était simplement un inconfort physique. Ce genre de douleur ne me dérangeait plus beaucoup. Ce n'était rien comparé à l'enfer que j'avais déjà traversé depuis le début de la guerre. Nous étions en haut de la paroi du canyon, juste au-dessus d'un virage serré dans une artère qui traverse la montagne à l'est de la ville d'Alexandria, la capitale d'Estea et ma ville natale. Pour arriver ici, nous avons marché toute la nuit sur un sentier éreintant surnommé "l'escalier du paradis". C'était une randonnée que j'avais faite de nombreuses fois en grandissant. Je pourrais le faire les yeux bandés si nécessaire, ce qui était essentiellement ce que nous avons fait cette nuit sans lune.

La première fois que Bríd a vu le panneau de signalisation avec un ours polaire dessus, elle a gloussé. Elle était enfin arrivée ! Depuis longtemps, elle rêvait du Grand Nord, de pouvoir déménager au Svalbard ou du moins d'y passer un certain temps. Au cours des cinq dernières années, le rêve a gagné en friction, et finalement, après avoir reçu un gros acompte sur son prochain livre, elle a réalisé son rêve de longue date. Elle allait passer une année entière ici, dans une cabane qu'elle avait louée, située fermement au milieu de nulle part.

Une voiture est sortie d'un espace de stationnement devant la porte juste au bon moment. J'étais en avance de quelques minutes pour aller chercher maman, mais je suis quand même entrée dans le bâtiment administratif. Cela faisait plus d'un an que je n'étais pas venue ici, mais avant, j'étais ici presque tous les jours juste après l'école pour attendre maman. Le hall d'entrée était toujours le même, tout en marbre et en ardoise, mais les murs sobres étaient maintenant d'un vert marin...