Commentaires sur ses livres

crime de guerre - Palestine - détails

« Ce n’est pas le canon qui vaincra, c’est l’homme. »

Avant toute chose, une petite explication concernant ce livre : en octobre 2023, alors que l'autrice devait se rendre à la foire du livre de Francfort pour recevoir le prix LiBeraturpreis, la foire a annulé sa venue et la remise de son prix. En effet, après la réplique du Hamas le 8 octobre contre l'état colonial d'Israël, ils ont dit préférer mettre en avant les voix israéliennes plutôt que celles palestiniennes. Un choix, bien sûr, vivement critiqué.

Ce court roman est scindé en deux : un premier texte écrit à la troisième personne et la seconde partie écrit à la première personne. Dans la première partie, on suit un officier israélien anonyme, plutôt maniaque. Ce qui a été nommé comme "incident" se passe en août 1949 sous sa garde et sa demande : le viol collectif d'une jeune bédouine qui sera ensuite tuée. Dans la seconde partie, on suit une jeune palestinienne de nos jours qui est obsédé par un détail "mineur" de cet incident : le fait qu'il se soit déroulé pile vingt-cinq ans avant son anniversaire.

Si les deux parties sont clairement différentes, elles restent indissociables pour comprendre l'histoire. Il faut aussi savoir que cet "incident" dont s'est emparé Adania Shibli pour écrire cette histoire est inspirée d'un véritable crime commit par l'armée israélienne. C'est justement ce moment ainsi que les quelques jours avant que l'on suit dans la première partie, du point de vue de l'instigateur. Le point de vue à la troisième personne nous pousse aussi à avoir un certain recul et être plus spectateurice des scènes. Un homme inconnu, un homme de guerre et dont les crimes sont considérés comme un détail. Tuer les bédouins, c'est un détail pour eux. Kidnapper une bédouine et la violer, c'est un détail pour eux. Organiser un viol collectif, puis la tuer et l'enterrer au milieu du désert, c'est un détail pour eux.

Au contraire, la deuxième partie est écrite à la première personne et déjà, nous plonge en tant qu'acteurice de la scène. On suit une jeune palestinienne, très angoissée, mais surtout si obsédée par cette histoire qu'elle va à tout prix chercher des informations. Mais comment le faire, elle, palestinienne confiné dans un endroit contrôlé par les israéliens ? Elle ne peut pas bouger comme elle le veut, ne peut pas parler comme elle veut. Ses détails à elle, ils sont réellement mineurs : son nom, ses cartes, ses repas, son paquet de chewing-gum. Pourtant, là-bas, c'est elle qui sera considérée comme criminelle.
Pour avoir cherché la vérité.

Un ouvrage important et pertinent pour parler de la condition des palestiniens.