Tous les livres de Alexandre Guyomard
A l'automne 2008, au pire de la crise économique, le narrateur (anonyme ou innommable, à vous de juger) part avec un ami trader licencié (devenu surfer en attendant que les beaux jours reviennent) pour une traversée à la fois chaotique et éblouissante de l'Amérique centrale. Road-novel sous influences, Sur la Panaméricaine est construit, chapitre après chapitre, sur les différentes étapes de ce voyage. A la splendeur des lieux et aux cultures indigènes et latines qui les imprègnent, Alexandre Guyomard ajoute sa propre démesure : celle de ses excès éthyliques et cocaïnés, de sa weltanschauung cynique, ou de ses angoisses liées au néant qui s'ouvre devant lui à l'aube de la trentaine. Le Panama, Mexico, le Guatemala, l'Honduras, Carthagène, la Ciudad Perdida, l'un des plus mythiques sites précolombiens, Medellin ou encore Bogota sont autant d'escales traversées avant le retour tant redouté à Paris. Mais le bateau ivre ne fait qu'une nouvelle escale dans ce qui était pourtant son port d'attache. L'appel du large et des sirènes du Panama auront été trop fortes. Alors qu'il dérive sans but précis comme un backpacker, même s'il n'en partage ni l'esprit ni la réalité sociale, le narrateur de Sur la Panaméricaine voit sa propre sauvagerie s'exacerber au contact de ces pays fiévreux.
« C’est à cause d’eux qu’on n’a pas de boulot, ou alors des boulots de merde. À cause d’eux que Diane et toi, vous avez des familles dysfonctionnelles. Moi, mon père, en 68, il avait quarante ans, et il défilait sur les Champs-Élysées pour le Général. »
Louis, trente ans, vient de se faire virer de son agence de pub et vit en colocation. Pour ce « fils de vieux » qui a sauté sur Diên Biên Phu, les responsables de son échec sont les baby-boomers, qui refusent d’abandonner leur place dorée au sommet de la société du spectacle. Pire, en détruisant toute idée de transmission, patrimoniale, culturelle ou même génétique, ils ont laissé une génération sans repères, écartelée entre la tentation du nihilisme et la volonté de dépassement. Leur salut ? Renoncer au bien-être et à la sécurité, pour retrouver le goût du combat.