Alice Chetwynd Ley

Lorsque l'on déguste un plat particulièrement bien exécuté, on se rend compte de l'insipidité des aliments industriels.

Et en lisant un livre d'un autre siècle - Alice Chetwynd Ley n'ayant plus publié après 1989 -, finement construit, on réalise à quel point certaines productions actuelles, malgré tous les efforts de leurs auteurs, s'apparentent à de la pâtée pour chats.

Ce livre ne donne pas de tachycardie - vade retro thriller -, ne remporte pas la palme de l'intrigue la plus machiavélique, mais on suit avec plaisir un développement harmonieux, qui dévoile petit à petit des indices qui ne tombent pas du ciel, ni comme un cheveu sur la soupe. La collaboration entre Anthéa, son oncle Justin et le "Runner" Watts permet de collecter les différents éléments du puzzle de manière vraisemblable; ces dames du beau monde ne pourraient guère se confier à un enquêteur, et si "Sir" Justin est à son aise dans les salons, il ne saurait s'y prendre aussi bien que son comparse dans les rues de Londres ; j'ai toutefois eu du mal avec la façon de parler de Watts ; non seulement à cause du vocabulaire mais aussi des nombreuses élisions - il faut un peu d'adaptation.

L'enquête, qui subit les contraintes de ce début du XIXe siècle du Prince-Régent - temps de transports, règles régissant la vie sociale -, est prenante, l'attention du lecteur reste soutenue tout au long. Cela faisait longtemps !

Et cela "promet", en tant que premier tome d'une trilogie...