Tous les livres de André L'Héritier
Jean Héritier, garçon d'auberge à Ambert, puis laboureur à Châtelet, dans la commune de Champétières, n'apprécie guère le travail de la terre. L'existence paisible et obscure des paysans lui pèse. Malheureux, car il vient de voir s'envoler l'âme de sa douce épouse, la pauvre Francine, il s'imagine qu'il ne retrouvera le bonheur qu'en partant découvrir de nouveaux horizons. Il ne rêve que d'aventures.
Or, au royaume de France, les Guerres de Religion s'éternisent, continuant à semer le sang et l'incendie. Quand on possède un coeur haut placé, peut-on rester simple spectateur et, parfois, innocente victime de ces féroces batailles ? Non, évidemment. Aussi notre homme abandonne-t-il la fourche et l'araire. Il s'engage dans la troupe du capitaine de Lauras qui combat dans les rangs de la Sainte Ligue, refusant que ce damné Huguenot d'Henri IV monte sur le trône de notre beau pays.
Va-t-il trouver gloire et abondante picorée, ou bien la mort dans une sanglante échauffourée ?
Comme tant d'autres à la campagne Edouard, paysan quadragénaire, se retrouve sans femme, sa Berthe venant de s'envoler. Quelle misère ! Un superbe domaine, un joli troupeau de Salers, mais pas même un petit bout de femme à mettre dans son lit, le soir, pour se réchauffer.
Une de perdue, dix de retrouvées. Tu parles ! Ces sacrées femelles ne se bousculent pas au portillon quand il s'agit de passer leur existence dans le fumier, loin des lumières de la ville. Comment va se débrouiller le malheureux pour dénicher l'âme soeur, alors qu'il vit dans une ferme isolée, dressée au sein des monts de Cézallier, entourée de toutes parts d'immenses pâturages se perdant dans des lointains brumeux ?
S'il n'y avait pas la lancinante petite musique de l'eau s'écoulant indéfiniment d'une fontaine dans un vaste abreuvoir de pierre noire, ce serait le grand silence ; un silence brisé seulement, de temps à autre, par le meuglement d'une vache, l'aboiement d'un chien, parfois le bruit d'un tracteur. Eh oui, hélas, tout pour rebuter une dame, absolument rien pour la séduire. Pauvre Edouard !
Marie-Claude, institutrice tout juste sortie de l'École Normale, les dents longues, issue d'un milieu plus que modeste, ne rêve que d'argent. Elle pense avoir déniché la poule aux oeufs d'or en la personne de Joseph, un jeune agriculteur cantalien qui exploite un superbe domaine. Elle l'épouse croyant accéder à un paradis doré, mais elle ne tarde pas à déchanter. Ces foutus paysans sont vraiment indécrottables. Dès qu'ils gagnent quelque sous, au lieu de se livrer à d'intelligentes dépenses, telles que manteau de fourrure, bijoux, belle voiture et sorties diverses, ces sinistres abrutis achètent, sans doute par pure gloriole, du matériel - dont ils n'ont nul besoin - ou des terres, alors qu'ils en possèdent déjà bien suffisamment. Faut-il qu'ils soient bêtes.; ainsi ils vivent pauvrement et meurent riches.! Il est absolument impossible de leur faire délier le cordon de leur bourse. De guerre lasse, Marie-Claude plaque ce déplorable mari, après l'avoir au préalable abondamment trompé.; cet affreux radin le méritait amplement. Joseph, grand garçon d'une naïveté désarmante n'a rien vu venir. Il se retrouve seul, tout triste et très embarrassé.; encore heureux qu'il ait sa vieille maman. Posséder plus de cent vaches et n'avoir même pas un petit bout de femme à mettre dans son lit.! Quelle misère.! Aujourd'hui, hélas, c'est le sort de beaucoup de gars de la campagne.