Tous les livres de Foulek Ringelheim
Abram Potz est psychanalyste. C’est un vieillard de quatre-vingt-six ans qui n’aime pas grand-monde et surtout pas les jeunes. Sa vieillesse l’a aigri. Or, voilà qu’au cours d’un de ces voyages dans les Andes, Potz assassine quelqu’un au hasard, sans mobile réel. Ce crime sonne comme une révélation dans la vie réglée de Potz.
"Des événements d'une exceptionnelle gravité ont porté à son paroxysme la crise de confiance dont souffre depuis longtemps l'institution judiciaire. On connaît le catalogue des critiques traditionnellement adressés à l'administration de la justice: archaïsme, conservatisme, arrogance des juges, opacité des rituels, hermétisme du langage, lenteur des procès, coût exorbitant, inégalité des citoyens devant la justice. Ces défauts sont si anciens qu'ils semblaient indéracinables, inhérents au système judiciaire. L'on finissait par désespérer qu'une réforme fût encore possible et l'on s'y résignait avec amertume, comme on s'incline devant la fatalité. Du moins voulait-on croire que globalement, malgré ses imperfections et ses ratés, la justice fonctionnait avec une relative efficacité. Et pourtant elle tourne, se disait-on pour se rassurer. La commotion causée par les assassinats d'enfants, que les appareils judiciaire et policier n'ont pas été capables d'empêcher, a d'un coup brisé la patience populaire et mis un terme à la résignation. On parla de dysfonctionnement comme s'il s'agissait soit de malfaçons, soit de grippages de la machine, dus à la rouille ou au manque d'entretien. Les travaux de la commission parlementaire sur les disparitions d'enfants ont révélé à une population atterrée que le mal était plus profond encore qu'on ne pensait."