Tous les livres de Jean Guerreschi
Certaines toiles ont, paraît-il, le pouvoir de tisser au dernier moment l'araignée qui leur est nécessaire. Quignard l'affirme : 'Les oeuvres inventent l'auteur qu'il leur faut et construisent la biographie qui convient.' S'agissant des oeuvres, ça se discute. Mais pour les seins, c'est indéniable. Les seins inventent la main qu'il leur faut et construisent la rencontre autour.' Voilà ce que tentent d'illustrer ces soixante-quatre nouvelles variations sur le thème célébré il y a un siècle par Ramon Gomez de la Serna
" Il se dit : Je suis fou. J'ai quarante-trois ans de plus qu'elle. Je dois cesser sur-le-champ. Elle se dit : Je suis folle. Il a au moins trente ans de plus que moi. Je dois me jeter dans les bras de Roman. Je dois me laver en lui des bras de Bélard. Je dois oublier Bélard. Il se dit : Je suis comme un boeuf planté des quatre sabots au milieu du carrefour, et que rien, ni les coups de piques des hommes, ni les appels du troupeau, ni les cornes stridentes des vingt tonnes, ne peut faire bouger d'un iota peur sa sauvegarde. Je suis comme un boeuf amoureux. rassemblé tout entier dans sa massive conviction, sans une once de mensonge sur ce qu'il éprouve. sur ce qui l'attend et sur ce qu'il est." Un geste anodin bouscule la tranquille notoriété de Bélard, un vieux professeur d'université. Il va bouleverser aussi les vies de Loïse et de Pièra, deux de ses étudiantes, aussi passionnées et entières l'une que l'autre et décidées. pour des raisons bien différentes, à le suivre. L'écriture de Jean Guerresrhi, remarquable de justesse et de précision, mêle le répertoire savant au registre le plus cru. Un roman de la chair dans lequel les mirages, les magies, les puissances souterraines du langage se déploient avec une souveraine intelligence.
Neuf femmes d’aujourd’hui. Les hommes qu’elles rencontrent les regardent avec effarement face à leur liberté d’aimer. Il y a celle qui veut qu’on écrive sur elle, celle qui a la passion de rompre, celle qu’on doit attacher pour qu’elle s’attache, celle qui flatule ou celle qui apprend l’anglais avec un doigt, celle qui est ou non sur son balcon, etc.
La tragédie ou la farce amoureuse s’enchaîne avec la même intensité, la même fougue. La souffrance et la mort semblent (provisoirement) exclues. D’où cette valse dans la fête du langage, à l’humour souvent noir, dans laquelle nous entraîne l’auteur au sommet de son art.