Tous les livres de Jean-Luc Einaudi
Jean-Luc Einaudi a rencontré Georges Arnold en 1989, alors qu'il enquêtait sur le massacre des Algériens d'octobre 1961. Celui-ci qui, en pleine guerre d'Algérie, avait volontairement vécu parmi ces hommes dans un hôtel insalubre de Saint-Denis, lui apporta un précieux témoignage. Une amitié fondée sur le respect réciproque venait de naître. Le prêtre et l'incroyant partageaient la même révolte face à la souffrance de ceux que notre société domine, méprise, rejette, et une même passion pour l'homme. Ce livre retrace l'itinéraire d'un homme peu ordinaire, qui a choisi de s'enraciner en banlieue, en plein territoire communiste, et dont la vie se mêle depuis plus de soixante ans à celle du Prado, la famille spirituelle fondée à Lyon par le père Chevrier. Un engagement sans faille, une foi profonde et vivante, la force qui l'anime encore aujourd'hui, à quatre-vingt-cinq ans, en ont fait un témoin de l'Histoire, vécue auprès des plus pauvres.
L'une des pages les plus sombres de l'Histoire de France enfin révélée. Inconsciemment occultée de la mémoire collective, volontairement étouffée par les autorités politico-administratives, la sanglante manifestation du 17 octobre 1961 refait surface grâce à cette minutieuse reconstitution des faits.
Par le biais de témoignages des acteurs du drame, d'extraits de presse et de quelques photos, on découvre ainsi avec horreur comment une manifestation d'Algériens venus protester contre l'instauration du couvre-feu a été violemment réprimée par les forces de l'ordre parisiennes dirigées alors par un certain Maurice Papon. Si la version officielle fait toujours état de deux morts côté manifestants et de deux blessés parmi les policiers, les recherches effectuées par Jean-Luc Einaudi montrent qu'au moins deux cents Algériens ont péri après avoir été fusillés, massacrés à coups de crosse ou jetés dans la Seine.
Bien documenté, ce récit chronologique provoque une intense émotion. Il s'apparente à un véritable devoir de mémoire à l'égard des victimes et prouve combien la guerre d'Algérie demeure une plaie à vif dans l'histoire de France. --Sylvain Lefort