Tous les livres de Konrad Fialkowski
Il se réveilla, tenta de bouger mais n'y parvint pas. Alors la peur s'empara de lui. Il avait le souvenir d'un terrible accident sur une autoroute verglacée. Pourtant il était encore en vie. Mais il sentait la pression d'un casque sur ses tempes.
Stef Korn allait bientôt découvrir qu'il était cependant bel et bien mort. Mais, mis en cryogénisation, il avait ainsi « duré » des dizaines et des dizaines d'années. Peut-être plus ! Maintenant, on l'avait artificiellement remis en état. Et il se retrouvait dans un monde étrange, automatisé, dominé par un mystérieux « Patron », un sursystème autodidacte supra-intelligent, contrôlé par le Conseil Mondial.
Un monde aussi où tout est compliqué par l'existence d'une super-machine, le Fantatron, qui fabrique des illusions, des rêves — toute une surréalité aussi cohérente que la réalité elle-même. Où est alors la ligne de démarcation ? Koma, la jeune psychotechnicienne chargée de le réadapter, de le remettre à l'heure, est-elle réelle ou n'est-elle qu'un « fantôme », une émanation du Patron ? Peut-être le double de Kar, la tendre épouse de Korn dans sa vie antérieure ? Et lui-même, dans son nouvel état, cyborguisé, ne serait-il qu'un autre fantôme, né d'une imagination délirante ?...
Il mit fin au contact, à l'isolement de la pièce et par la fznêtre il jeta un coup d'œil vers les jardins et les hommes qui vus de là, semblaient n'être que des points dans les artères de la cité. Il se dit qu'aujourd'hui encore, cette cité pouvait cesser d'être. Il se dit également que le prix à payer pour la sauver était la mort d'un homme sur une croix, d'un homme qui, bien que ne l'étant pas, l'était tout de même. Lui, Adan, ne voulait pas de cette mort. Il avait déjà détruit tant de villes au cours des millénaires que dans cette arithmétique, une cité de plus ou de moins ne changeait rien : bien que, pour l'homme qu'il était, cette cité fût la sienne.
« Je ne suis pourtant pas un homme », se dit-il en sortant dans le couloir.