Tous les livres de Marc Mangin
La chronique de voyage, comme la photographie, semble un genre à la portée de tous. Tout le monde voyage, photographie, raconte ses péripéties. Mais aurions-nous remarqué ces images en suivant le même chemin que l'écrivain vagabond ? Et surtout, aurions-nous pensé à les transmettre ? Ecrire et photographier, c'est choisir et donner à voir. Marc Mangin parcourt l'Inde du Nord dans La voie du boeuf, puis le Pakistan et la Chine dans les Chroniques du Madjikistan. Il les déshabille des clichés habituels. Il va chercher ce qui est là et non ce que l'on s'attend à y trouver. En Inde se côtoient une modernité fragile et une crasse effroyable. Mais la fierté et l'intelligence s'opposent à un néo-colonialisme qui s'ignore dans une conférence économique franco-indienne comme la volonté obtuse à la quête mystique de certains Occidentaux. Au Pakistan, la douceur de l'accueil le long de la Karakorum Highway pendant le Ramadan dément tous les poncifs habituels sur ce « pays du diable ». La Chine se peuple de rencontres et d'échanges joyeusement humains loin de l'image de l'altérité absolue que l'on a pu lui donner. Voyager sans a priori consiste aussi à offrir ce que l'on est, sans fard et sans compromis. Comme dans Tu m'as conquis Tchador, chronique d'un voyage en Iran paru en 2010 chez Sipayat, Marc Mangin existe avec toute son histoire dans ses récits. Ils nous livrent un homme et un regard sur d'autres hommes qui aplanissent les frontières construites pour nous dresser les uns contre les autres.
C'est au moment où ils veulent affirmer leur paternité que le constat s'impose : les pères sont une espèce en voie de disparition. Comment la société réagit-elle à cette évolution, en particulier sur les plans politique et juridique, car la vraie question est peut-être : quelle autorité l'Etat conservera-t-il lorsque le père qui la symbolisait aura disparu ?
" Mon père est mort je n'avais pas trois ans et je n'ai pas vu grandir mes trois enfants. Cela m'autorise-t-il à parler du père ? Cela me permet sûrement de parler de l'absence de père. Les orphelins de père ne manquent pas, ceux qui réfléchissent aux conséquences du manque créé par l'absence non plus. Le sujet nourrit un nombre d'œuvres considérable. Mon propos est d'ailleurs de m'appuyer sur ce travail de témoignages et de réflexions autour d'une question de plus en plus d'actualité : et si le père disparaissait ? " Marc Mangin
Décimés par les guerres de la première moitié du xxe siècle, désacralisés par le mouvement féministe des années 60 et 70, les pères seraient devenus interchangeables, réduits à une " figure ", une " fonction ", quand bien même, depuis des décennies, les professionnels mettent en garde contre leur exclusion, leur disparition.
Les mutations économiques et sociales des cinquante dernières années dessinent un monde où l'homme ne sera bientôt plus qu'une marchandise comme une autre. La disparition des pères préfigure celle des mères. Nous n'avons jamais été aussi près du Meilleur des mondes que décrivait Aldous Huxley.