Tous les livres de Novalis
Foncièrement et par nature, Henri était né pour être poète.
Tous les hasards semblaient converger et s'unir pour sa formation, et rien encore n'était venu contrarier le vif éveil de sa vie intérieure.
Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait n'était que pour, semblait-il, lui ôter un nouveau verrou au-dedans de lui-même, lui ouvrir une fenêtre nouvelle. Il voyait devant lui s'étaler le monde dans toute l'étendu et la diversité de ses modalités entremêlées et sans cesse changeantes.
Mais c'était un monde encore muet, et son âme, la parole, n'y était toujours pas éveillé.
Or, déjà s'approchait un poète qui tenait par la main une adorable jeune fille, afin que, par les sons de la langue maternelle et la caresse exquise et douce d'une tendre bouche, s'ouvrissent les lèvres stupides et qu'en mélodies infinies se développât le simple accord.
Toute la courte vie de Novalis tourne autour de la mort de sa très jeune fiancée, Sophie von Kühn (quinze ans). Ce deuil l'amène à ne plus voir le réel que comme une sorte d'illusion. Il vivra encore quelque temps, écrira se plus beaux textes, s'affairera comme si de rien n'était, mais le rapport de la vie à la mort s'est désormais en lui inversé
L'art d'écrire des livres n'est pas encore inventé. Mais il est sur le point de l'être. Des fragments de ce genre sont des semences littéraires. II peut bien s'y trouver de nombreuses graines sèches : qu'importe, tant qu'une seule éclot !
Résumé :
Plus qu'un patriote, plus qu'un esprit (et quel esprit ! – il a côtoyé Fichte, Hölderlin et Schlegel), Novalis est, selon l'expression d'Armel Guerne, un "famélique du ciel". Sa poésie est tension absolue vers l'infini. Totalement débarrassé de toute considération matérialiste et terrestre, Novalis n'a de cesse d'expérimenter, par l'écriture poétique, la potentialité puis l'effectivité de l'Éternité. Dans les Hymnes à la nuit parus en 1800 dans la revue Athenaeum dirigée par Schlegel, Novalis compose une grande ode à la déesse Nuit et aux dieux afin de conjurer le sort fatal qui emporta sa jeune fiancée, Sophie von Kühn.
Écrits en vers, parfois aussi sous une forme plus libre qui s'abandonne à la poésie en prose, les Hymnes à la nuit avancent implacablement sur les sentiers d'un chemin de croix poétique. Novalis cherche l'espérance et la rédemption en s'adressant à la nuit et aux dieux. Sans crainte et sans orgueil, Novalis dévisage les dieux : "Là où il n'y a plus de dieux, règnent les spectres", proclame-t-il à la nuit. Les Hymnes à la nuit sont les derniers écrits poétiques de Novalis. À peine sont-ils achevés que le jeune poète meurt. Il n'est alors âgé que de 28 ans, mais il sait qu'il est à jamais entré glorieux dans "l'éternité de la nuit nuptiale". Délivré du doute et réconcilié avec la mort, Novalis parvient à la fin de ses hymnes à apprivoiser ses peurs et à domestiquer la nuit, ils sont devenus sources de joie, ils sont ses "béatitudes infinies". (Denis Gombert)
Résumé :
“Le monde doit être romantisé. C’est ainsi que l’on retrouvera le sens originel. Cette opération est encore totalement inconnue. Lorsque je donne à l’ordinaire un sens élevé, au commun un aspect mystérieux, au connu la dignité de l’inconnu, au fini l’apparence de l’infini, alors je les romantise.”
L’œuvre théorique de Novalis se présente sous la forme d’un magma en fusion de fragments bizarres et de propositions souvent aberrantes. Jamais là où on l’attend, il ne cesse de brouiller les pistes. Sa folie est de vouloir tout penser, jusqu’au détail le plus insignifiant, son audace est de chercher à “tirer de la vie de toute chose”. Composé autour de la question esthétique et des rapports entre poésie et philosophie, ce volume inédit en français constitue la carte d’un univers mental en perpétuelle effervescence, traversé de fulgurantes intuitions.
Source : Editions Allia
114 fragments plus ou moins longs qui traitent autant de poésie, de philosophie, de physique que d’histoire. Friedrich Schlegel publie les « Grains de pollen » dans la revue Athenäum qu’il dirige avec son frère August. Ces fragments sont une espèce de manifeste du premier romantisme allemand qui, parti de la philosophie critique de Kant, rompt avec toute pensée systématique pour privilégier l’énergie spirituelle elle-même, dans son devenir et ses combinaisons les plus surprenantes : « L’esprit, écrit Novalis, n’apparaît jamais que vous une forme étrangère et aérienne. » Lire les « Grains de pollen », c’est faire l’expérience d’un gai savoir romantique au-delà de tous les dogmatismes.