Tous les livres de Philippe Deblaise
" Tant de morts autour de ce manuscrit... Me remémorant le fil de ces dernières années, je revoyais en pensée la portraiture d'Evonyme Philiastre, mon empoisonneur.
Il m'avait volé le manuscrit et avait été le premier à tenter d'en tirer profit : on l'avait trouvé sans vie dans sa cellule, emporté par une crise d'apoplexie ; je me souvenais également de Joachim Beauvais, le jeune libraire de la rue des Amandiers, arrêté quand il s'apprêtait à en donner une traduction.
Il y avait eu ensuite l'infortuné Jehan Davesnes, mis au pilori de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés puis assassiné pour l'avoir soustrait aux griffes du Parlement.
Sentant l'étau se refermer sur lui, il avait eu le temps de le confier à François d'Aubijoux que je venais rencontrer dans son hôtel proche du Louvre, peu avant qu'il ne trépasse d'une horrible infection gangreneuse.
Un certain Guignard, faisant profession d'imprimeur-libraire au Palais, l'avait récupéré puis s'était enfui pour cause de proscription.
Je l'avais retrouvé à Xaintes, vivant ses dernières heures avant que la peste contractée à Paris ne l'emporte.
Puis dernièrement, le malheureux Girolamo, victime de l'ardeur de sa jeunesse et d'un amour immodéré des putains, et maintenant ce courtier bâlois, dont je n'avais pas de nouvelles, mais dont il était aisé de prédire le destin.
Sept... Je recomptais encore une fois sur mes doigts comme un enfant appliqué ; c'était bien cela, j'en dénombrais sept, sept personnes mortes après l'avoir simplement tenu en main ou avoir travaillé dessus... Hasard ? Volonté occulte ? Châtiment divin
En juin 1669, aux écuries de Saint-Germain, monsieur Jean, le maréchal du duc de Lude, présente à la cour les chevaux que le bey de Tunis a envoyés en présent au roi Louis XIV. Caché dans le foin, un témoin d'une douzaine d'années, Gaspard, est fasciné par ce qu'il aperçoit. Des chevaux, il en a déjà vu des centaines. Mais là, le spectacle lui coupe le souffle. Il vient de tomber sous le charme du Turc, un petit étalon alezan brûlé dont la fougue et la beauté ne sont en rien comparables à tout ce qu'il connait déjà: Gaspard vient de découvrir ce qu'est le "sang", et cela le marquera pour toujours.
Naples, 1538. Enfant d'une prostituée, Pipo est miraculeusement épargné par l'homme chargé de le faire disparaître. Celui-ci parvient à l'élever, le nourrissant au lait de sa jument.
A la mort de son protecteur, Pipo est recueilli par des moines affameurs, puis par des voleurs de chevaux, et finit par entrer au service du premier écuyer du roi Henri II. Il devient ensuite Cavalcadour de Bardelle et apprend l'art de dresser les poulains.
Sur ordre du roi, Pipo est envoyé à Mantoue, à la cour des Gonzague, pour y acheter des juments. Conquis par le charme de cette Italie renaissante où il tombe amoureux, Pipo va percer le secret de la médaille que sa mère lui avait laissée à sa naissance et découvrir les principes de l'Art équestre.