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Tous les livres de René Derain

La conversation se prolongea jusqu'à midi vingt. Le voyant rouge luisait toujours - une lueur que mademoiselle Vallois trouva soudain anormale... A midi vingt-cinq, elle n'y tint plus, il s'était sûrement passé quelque chose, quelque chose qui méritait qu'on néglige les consignes les plus strictes. Elle appuya sur une touche de l'interphone et appela à mi-voix : - Monsieur le Directeur... Sans succès. Elle insista, plus fort. Sans succès. Alors, elle se leva, alla ouvrir le battant extérieur de la double porte, frappa au second, attendit quelques secondes une réponse qui ne vint pas, poussa doucement ce second battant, jetta un coup d'oeil par l'interstice et sut que ses pressentiments n'étaient que trop justifiés.

L'agent du SDECE s'immobilisa, stupéfait, devant le cadavre de l'Honorable Correspondant, le crâne éclaté d'une balle. Stupéfait, parce qu'on ne tue jamais un Correspondant, c'est discourtois, c'est contre les règles du jeu. Tout Service de Renseignement connaît ceux qui travaillent sur son territoire, mais il les laisse faire leur petit boulot — qui ne dérange pas grand monde. Et l'itinérant comprit, dans une illumination soudaine, que c'était au fond lui le responsable de cet assassinat, et presque certainement à cause de l'entrevue qu'il avait eue la veille avec la jolie blonde rencontrée par pur hasard dans une rue de la ville. Mais quel rapport ? Debout près du corps, il réfléchit longuement à cette question... Le SDECE devait y réfléchir plus longuement encore quand, un peu plus tard, il reçut sur le dos tous les Services Secrets américains et allemands...