Tous les livres de Richard Sennett
Réflexion sur la construction de l'identité fondée sur la notion de respect. Il faut encourager le respect de soi par-delà les inégalités sociales en réintroduisant dans le travail salarié les qualités propres au travail artisanal.
Richard Sennet se penche, dans cet essai, sur les ruptures qu'introduit le nouveau capitalisme par rapport aux aspirations libertaires des années soixante. A l'éclatement des bureaucraties et des contraintes répond désormais la fragmentation de la vie sociale et des êtres humains. Et à la dissociation du pouvoir et de l'autorité, sur un plan politique, correspond, sur un plan économique, la fracture entre la réussite personnelle et le progrès social. En d'autres termes, nous assistons à une véritable dérive non progressiste de la culture néo-capitaliste.
L'individu à l'ère de la fragmentation est ainsi soumis à trois pressions considérables : être capable de se définir à travers de constantes mutations professionnelles et en l'absence d'institutions susceptibles de donner un sens à la vie ; rester à la hauteur dans une société où le talent n'a plus sa place et où les compétences deviennent rapidement obsolètes ; être friand de nouveauté au lieu de se souvenir du passé. Sennett parie sur une révolte contre cette culture de la superficialité, où le consumérisme tient lieu de politique et les gadgets de mesures sociales.
En proposant une définition de l'artisanat beaucoup plus large que celle de " travail manuel spécialisé ", Richard Sennett soutient que le programmateur informatique, l'artiste, et même le simple parent ou le citoyen font oeuvre d'artisan. Ainsi pensé, l'artisanat désigne la tendance foncière de tout homme à soigner son travail et implique une lente acquisition de talents où l'essentiel est de se concentrer sur sa tâche plutôt que sur soi-même. Dans ce livre stimulant, Richard Sennett aborde l'expertise sous toutes ses déclinaisons - depuis les exigences de la technique jusqu'à l'énergie inlassable que nécessite tout bon travail. Nous voyageons ainsi à travers le temps et l'espace, des tailleurs de pierre de la Rome antique aux orfèvres de la Renaissance, des presses du Paris des Lumières aux fabriques du Londres industriel ; nous observons les expériences de l'informaticien, de l'infirmière, du médecin, du musicien ou du cuisinier. Face à la dégradation actuelle des formes de travail, l'auteur met en valeur le savoir-faire de l'artisan, coeur, source et moteur d'une société où primeraient l'intérêt général et la coopération. Et tandis que l'histoire a dressé à tort des frontières entre la tête et la main, la pratique et la théorie, l'artisan et l'artiste, et que notre société souffre de cet héritage, Richard Sennett prouve que " Faire, c'est penser ".
Dans cet essai alerte et pénétrant, déjà traduit en plus d'une dizaine de langues, Richard Sennett explore les effets déroutants du nouveau capitalisme.
En mettant en évidence l'opposition entre deux mondes du travail : un monde disparu - celui des organisations rigides et hiérarchiques où il importait avant tout de s'épanouir dans son travail - et le monde nouveau de la restructuration des entreprises, du risque, de la flexibilité, du travail en réseau. Il montre qu'aujourd'hui le court terme et l'insécurité sont la norme. Plus de projet de vie active, plus de modèle à offrir à ses enfants dans une entreprise où l'employé perd son ancrage et le sens de sa propre identité.
C'est à la fois en historien et en sociologue que Richard Sennett raconte des " tranches de vie " qui révèlent à quel point la trajectoire sociale des Individus est devenue illisible. Comment, depuis vingt ans, la montée spectaculaire des inégalités s'est accompagnée d'une généralisation de la précarité, de l'employé au cadre supérieur - à tous les échelons où naguère l'on faisait encore " carrière ".
Un livre irremplaçable sur les effets délétères du " travail jetable ".