Commentaires sur ses livres

Un manga que j'ai découvert au hasard et je n'en suis pas mécontente.

La première chose qui m'a sauté aux yeux est le style graphique. Il est très particulier et change incontestablement de ce dont on a l'habitude dans les mangas. Si au début cela m'a un peu décontenancé, au final, c'est ce qui fait de cette histoire une aventure visuelle qui marque. Ce n'est pas franchement un style de dessin vers lequel je me dirigerais en premier, mais j'apprécie la façon dont les corps nus sont dessinés. Je les trouve bien moins idéalisé que dans les mangas "classiques" (si je peux me permettre ce terme) et c'est ce qui m'a plus. La sensualité de cette histoire vient de l'unicité et la simplicité de ces dessins. C'est beau en étant cru, c'est sensuel en étant terre à terre.

En ce qui concerne l'histoire, elle change. Je ne suis pas une grande lectrice de manga d'enquête, mais le fait qu'Asako ait un don aussi particulier que de capter les souvenirs résiduels des personnes décédés, en plus de subir leurs supplices, rend ce livre intéressant et intense. Et ce qui emballe encore plus la machine est le fait qu'il prend en lui les pensées résiduelles de l'ex femme de son partenaire d'enquête. De quoi rendre chaque mot, chaque geste, ambigüe et sujet à interprétation et réflexion. C'est exactement ce qui arrive à Asako et je trouve ça intense ! Ce premier tome est intense et m'a donné des papillons dans le ventre. La relation entre Kuroiwa et Asako m'a pris aux tripes. Mais surtout, c'est le don d'Asako qui m'a glacé. C'est tout simplement horrible, et je suis contente que le style de l'auteur soit assez simple car plus de détails auraient rendu le tout difficile à soutenir. C'est à se demander comme Asako fait.
J'ai apprécié les subtilités entre eux. Je trouve que l'histoire est très bien équilibrée, avec une psychologie logique et sensée. Les deux protagonistes sont attachants. En tout cas, je me suis beaucoup attachée à Asako, volontaire et maladroit, mais avec un fardeau si difficile à porter, je ne pouvais que compatir et avoir envie de lui faire un câlin.

Bref, une magnifique découverte. J'ai très hâte de la sortie du tome 2 qui ne manquera pas de rejoindre ma bibliothèque. Je recommande vraiment cette histoire pour ceux qui aiment les choses uniques et singulières.

Stigmata entraîne le lecteur dans une sombre affaire de meurtre aux cotés d’un duo d’inspecteurs particuliers : l’un possède l’étrange faculté de saisir les derniers instants de la victime, quitte à en subir les violences physiques, l’autre est l’ex-mari de la femme assassinée. D’abord mis à l’écart, ils reprendront finalement le dossier, mettant à mal Asako qui ne parvient pas tout à fait à distinguer ses sentiments pour son coéquipier de ceux de l’ex-femme de celui-ci, retrouvée morte dans une ruelle.

Tandis que l’enquête avance doucement, la relation entre les deux hommes va évoluer au fur et à mesure ; l’enquête, aux touches fantastiques, est plus un prétexte pour développer la romance que le véritable fil rouge de la duologie puisque celle-ci se déroule assez classiquement dans sa résolution, en parallèle des sentiments de nos protagonistes. La psychologie des personnages est, quant-à-elle, maîtrisée et assez bien développée, compte tenu de la brièveté du récit. On suit le cheminement d’Asako et de Kuroiwa sur leurs émotions, leur ressenti et leur attirance : les interrogations de Kuroiwa sur son orientation sexuelle sont très franches et mettent en exergue le fait que la sexualité n’est pas figée et qu’elle évolue. De façon sous adjacente, l’autrice dénonce également les relations toxiques et les violences faite aux femmes à travers quelques scènes, tout en restant brève, mais incisive, pour ne pas empiéter sur le récit.
L’intrigue policière se démarque essentiellement par des dessins atypiques, anguleux et presque statiques de Hidebu Takahashi, ce qui donne par moment une atmosphère froide et lointaine, mais qui pourtant revêt une certaine sensualité lorsque l’amour s’en mêle. Non sans rappeler les premiers mangas et boy’s love, la patte graphique ne séduira pas tous les lecteurs et lectrices de ce diptyque mêlant psychologie, enquête et mysticisme, mais reste l’une des forces de l’œuvre.