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Tous les livres de Yachar Kemal

La petite population grecque de l'Ile-Fourmi - sorte de paradis miniature sur terre - vit en bonne intelligence avec les villages turcs de la côte. Mais nous sommes en 1923, et le traité de Lausanne prévoit un gigantesque échange des populations pour mettre fin à la guerre. Le roman de Yachar Kemal débute au moment où la nouvelle de l'exil forcé éclate sur l'île, comme partout en Asie Mineure, où plus d'un million de Grecs doivent faire leurs bagages, tandis qu'un demi-million de musulmans doivent quitter la Grèce. Le jeune Vassilis, survivant de l'enfer des Dardanelles et du front du Caucase, refuse de partir. Il se cache, seul dans l'île désertée par tous, ayant juré sur la Bible de tuer le premier qui y mettra les pieds. C'est un étrange personnage, Poyraz Musa, jeune officier ottoman, lui aussi héros de la guerre et fuyant visiblement son passé, qui débarque le premier sur l'île, décidé à s'y installer. Les deux hommes vont alors se croiser au fil d'un étrange jeu du chat et de la souris, où les horreurs de la guerre qu'ils ont partagée ne sont jamais absentes. Ce dernier roman de Yachar Kemal revient sur un chapitre oublié de l'histoire du XXe siècle, d'une actualité malheureusement intacte, et impressionne le lecteur par son souffle épique exceptionnel.

Abdi, l'agha d'un petit village niché sur un plateau des contreforts du Taurus, en Turquie, n'a d'autre politique que l'oppression et l'asservissement. Affamant ses gens, brimant ceux qui tentent de s'élever contre son pouvoir dictatorial, il choisit comme bouc émissaire le jeune Mèmed, dit le mince, qui tente par tous les moyens de résister. Apprenant qu'Abdi souhaite marier son neveu à celle qu'il aime depuis toujours, Hatché, Mèmed le Mince décide de fuir le village avec sa bien-aimée. Mais l'agha, humilié, se lance à la poursuite du couple...

Yachar Kemal s'engouffre avec bonheur dans cette tradition du conte oral pour nous donner à lire l'épopée lyrique d'un héros en lutte pour la justice et la liberté contre un oppresseur sanguinaire et implacable. Mèmed le Mince est un valeureux comme il en existe peu. Il est le porte-drapeau d'un Yachar Kemal qui profite des exploits de ce Robin des Bois d'une autre Europe pour construire un manifeste social, un roman de la révolte.

--Hector Chavez

Mèmed le Mince, le bandit d'honneur turc, le jeune et légendaire hors-la-loi, aide les paysans du village de Vayvay, soumis à l'implacable oppression de l'insatiable Ali Safa Bey, à changer d'attitude. grâce à la présence de cet allié mystérieux et puissant, les actes de résistance se multiplient, la rébellion éclate. Mèmed quitte son refuge et, sûr de la complicité profonde du peuple, tue Ali Safa Bey.

Un roman d'aventures, une épopée lyrique et aussi un roman réaliste.

L'auteur de memed le mincetrouve le ton de l'épopée pour relater l'aventure d'une tribu de Turcomans, nomades à qui l'on refuse les sites traditionnels où ils menaient leurs troupeaux à la pâture. Dans ce combat désespéré pour survivre, on rencontre quelques figures inoubliables. C'est Suleyman, le chef, et aussi haydar le forgeron qui a fait la plus belle épée du monde, et surtout les amoureux, halil et jeren, au sort tragique.

Nouvelle Description

Chaque année en Turquie, à la même époque, tout ce qu'un village de montagne compte comme hommes et bêtes, se met en marche, poussé par la faim, vers Tchoukour-Ova, la plaine d'Adana où pousse le coton. Tous ceux qui participent à cette expédition savent, en mettant les choses au mieux, qu'ils pourront peut-être trouver là-bas du travail et une maigre pitance. Le Pilier, c'est Méryémdjè, la vieille paysanne anatolienne. Fidèle à la mémoire de son mari, elle veut empêcher l'ami roublard du défunt, Jalil, de monter sur le cheval qui doit la porter jusqu'à la plaine. Le cheval meurt de vieillesse. Ali portera sa mère sur son dos jusqu'à Tchoukour-Ova. Liés par l'épuisement et l'exaspération grandissante qui les envahit, les deux personnages atteignent à un degré d'amour et de haine aux limites de l'humain. Mais le personnage central de cette admirable épopée paysanne, c'est peut-être l'Asie Mineure, aride, humide, glaciale et brûlante, qui détermine le destin de ses habitants.

Dans un décor maintenant familier aux lecteurs de Yachar Kemal : la riche plaine de la Tchoukourova, et un petit village blotti au flanc de la chaîne du Taurus, c'est la récolte du coton. De la foule des villageois, les personnages principaux se détachent très vite. Dès la première page, nous connaissons le jeune Mémidik, sur qui pèse déjà une véritable malédiction : il ne peut continuer à vivre que s'il tue le principal propriétaire du village, l'orgueilleux et féroce Muhtar Séfer qui l'a humilié en le faisant battre, jusqu'à l'estropier à moitié, par deux de ses hommes de main. Mémidik a déjà guetté Muhtar et levé son couteau pour l'égorger, mais une étrange force a paralysé son bras. Chaque fois, pourtant, il est sûr de n'avoir pas peur. Enfin, c'est la nuit décisive : sans se laisser intimider par l'énorme silhouette de son ennemi, il plonge son couteau, plusieurs fois, dans sa chair inerte. Mais ce n'est que le début de la tragédie.

Au pied des montagnes du Taurus, décor familier aux lecteurs de Yachar Kemal, deux familles s'abîment dans une vendetta héréditaire. On a tué le frère aîné de Derviche Sarioglou qui fait assassiner le frère de Moustafa Akyollou, lequel doit, à son tour, venger sa famille. Les deux hommes, des beys, s'épuisent à se tendre des pièges mortels. Enfermés dans leur propre univers, aveugles à ce qui se passe autour d'eux, ils ne voient pas apparaître les nouveaux maîtres, les aghas. Ceux-ci surgissent comme des champignons, deviennent millionnaires, propriétaires d'usines, ils se lancent dans la politique, bouleversent le paysage de l'Aktchasaz et, surtout, confèrent à la lutte impitoyable de Moustafa et Derviche un caractère féodal, et infiniment dérisoire.

La quarantaine de grands reportages qu'a publiés Yachar Kemal de 1951 au milieu des années 70, pour l'essentiel dans le grand quotidien Cumhuriyet, font partie intégrante de son oeuvre littéraire, tendue entre la réalité sociale et le conte, entre l'histoire et le mythe. Mais, contrairement à ses fameux romans parus chez Gallimard, ils demeuraient méconnus en France. En voici huit, choisis par l'auteur, à commencer par son premier succès de reporter, "Pêcheurs d'éponges", paru peu après Mèmed le Mince (1955).

Ils constituent un rare témoignage sur la Turquie rurale et urbaine de ces années de transition. Ils font écho à ses fictions, qu'ils éclairent. Ils se lisent comme un roman.

L'Île Fourmi, sur la mer Egée, est un îlot paradisiaque, mais désert depuis que la population grecque en a été chassée après la Première Guerre mondiale. Peu à peu, de nouveaux arrivants débarquent, groupes bigarrés venus de tous les coins de l'ancien Empire ottoman. Tous ces migrants portent en eux le goût pour l'aventure, mais aussi les traumatismes et les cauchemars engendrés par les conflits armés. Chacun d'eux tente de recréer une patrie sur ce morceau de terre, tandis que des millions de fugitifs errent encore à travers l'Anatolie. Le roman s'ouvre sur l'arrivée d'un inconnu à la recherche de Poyraz Musa et qui semble vouloir le tuer. Au fil du texte, de nombreux personnages apparaissent, de toutes origines et confessions, formant une véritable arche de Noé d'une humanité rescapée. Ils apprendront à se connaître, et formeront peu à peu, dans un irrépressible besoin de fraternité, une sorte de conjuration amenée à subir de dures épreuves. La tempête des gazelles, récit limpide et d'une beauté sereine, révèle une fois encore le regard pénétrant que Yachar Kemal porte sur l'histoire du XXe siècle et le cour des êtres humains.

Mèmed le Mince a tué Ali Safa bey, puis il s'est enfui dans la montagne. Dans la petite bourgade, c'est la consternation. Les fonctionnaires, les aghas tremblent devant ce brigand qui assassine les riches et donne aux pauvres. On lance à ses trousses le capitaine Farouk et son redoutable acolyte, le tortionnaire Ali le Lézard. Qui a vu Mèmed ? Qui le connaît ? Des descriptions fantaisistes, parfois extorquées sous forme d'aveux, donnent une galerie de portraits. Cette suite des aventures de Mèmed le Mince est plus qu'un roman : une épopée. Aux détails réels de cette histoire pleine d'actes héroïques, d'intrigues et de trahisons, où se détachent, parmi bien d'autres, les personnages de Mèmed, jeune garçon frêle et tendre, au regard d'acier, de Mourtaza agha, le lâche, du fidèle et habile Ali le Boiteux, de Petite-Mère Sultane, il faut ajouter tout ce qui fait la légende : l'alezan de Mèmed, animal fabuleux, invulnérable, les récits terrifiants qui courent la ville et les villages, les chants de louange ou de malédiction, qui exaltent et amplifient la rumeur. Mèmed, lui, voudrait renoncer à l'aventure pour vivre en paix avec la belle Seyrane, qu'il vient d'épouser. Mais un brigand peut-il échapper à son destin ? C'est dans un décor magnifique, déjà connu mais où l'on découvre, à chaque fois, de nouvelles beautés, que se déroule cette histoire qui, d'un bout à l'autre, captive le lecteur.

Depuis 1955, date à laquelle les lecteurs turcs découvrirent les premières aventures d'un jeune justicier, Mèmed le Mince est devenu, avec les années, un héros légendaire, pour se transformer souvent en une créature de chair et de sang. Une anecdote résume la place prise par ce personnage de roman dans la mémoire collective de son pays : «Mèmed, ce n'est pas toi, déclara un jeune berger, l'œil méfiant, à Yachar Kemal. Mèmed , je le connais bien, va! Je le rencontre si souvent dans la montagne!»

Dans ce dernier tome, Mèmed tente une fois de plus de découvrir la paix et le bonheur. Il s'éloigne des montagnes où il a vécu en hors-la-loi et décide de mener une vie nouvelle au bord de la Méditerranée, dans un gros bourg entouré de plantations d'orangers et de citronniers : le paradis.

La vieille Huru et Seyrane, qui attend un enfant , viennent l'y rejoindre. Mais autour de lui, il n'est question que des combats que Mèmed le Mince et Ferhat hodja continuent à mener au loin, dans les montagnes, avec l'aide de centaines de jeunes paysans armés, qui se font tous appeler Mèmed.

Et puis au bord de cette mer si belle, sous ce ciel clément, sur cette terre si riche, si douce, les journaliers sont aussi opprimés que les paysans sans terre de la région du Taurus.

Mèmed se reproche la vie trop facile qu'il mène. Le mystérieux inconnu qui surgit sans cesse sur son chemin, est-ce un ami, un ennemi, ou tout simplement l'ancien Mèmed le Mince, celui qui ne rêvait que de justice ? Il ne connaît plus la paix. Et quand est assassiné son ami l'instituteur, qui se battait seul contre les grands propriétaires, Mèmed, repris dans l'impitoyable engrenage qui a fait de lui un redresseur de torts, abat l'agha qui a ordonné ce meurtre, et retourne à ses montagnes, où il rejoint ses compagnons de lutte. Jusqu'au dernier combat, jusqu'au jour où il disparaîtra. Et les gens diront : «On n'entendit jamais plus parler de Mèmed le Mince, jamai on ne retrouva ses traces...»

Nous retrouvons ici le souffle puissant, le lyrisme éblouissant de Yachar Kemal. Et bien des personnages de sa grande saga : Ferhat hodja, Bayramoglou, l'ancien brigand au grand cœur, Ali le Boiteux, Petite-Mère Sultane, accusée de sorcellerie, et dont la mort sera impitoyablement vengée...

L'alezan ensorcelé hante toujours le Taurus, avec ses majestueuses forêt et ses pics, où «tout n'est plus que roche dénudée», comme l'écrivait Vinci dans ses Carnets. Et aussi la mer, dont la description par le grand écrivain devient un fragment d'épopée.

600 pages, 140 x 205 mm

Si, dans Meurtre au marché des forgerons, Kemal nous contait l'histoire sanglante d'une vendetta entre les Akyollous et les Sarioglous, on y assistait déjà à la décadence de ces deux grandes familles, ainsi qu'à l'avènement au pouvoir de nouveaux riches. Tourterelle, ma tourterelle, deuxième volume de la trilogie Les seigneurs de l'Aktchasaz, voit cette décadence accomplie, du moins en ce qui concerne Moustafa Akyollou, malade et abandonné, qui passe sa vie dans son lit à rêver de vengeance. Mais Derviche Sarioglou, lui, n'a pas renoncé : pour se débarrasser d'un pauvre type utilisé par ses nouveaux ennemis pour l'insulter, il arme le bras du jeune Youssouf, fils d'un de ses serviteurs. Youssouf accepte naïvement. Mais au moment d'agir, pris de peur, il cherche en vain à prendre la fuite et se retrouve prisonnier d'un univers onirique où, sans cesse, il vient buter contre le cadavre de l'homme qu'il devait abattre. Est-ce bien lui qui l'a tué ? En tout cas, tout l'accuse. A présent, il est devenu dangereux pour Derviche Bey. Une seule solution, comme toujours : la mort. Mais c'est la fin aussi des traditions de loyauté et d'hospitalité qui constituaient le fondement de l'univers de Derviche Sarioglou.

C'est au-dessus d'un village qui domine la vallée de la Tchoukourova qu'Ismaïl agha a fait construire sa somptueuse maison. Ismaïl, le kurde, a dû quitter son pays, chassé avec sa famille par l'invasion des Russes. Et c'est en chemin qu'il a découvert dans une grotte, à demi mort, le jeune Salman qui est devenu son fils adoptif, puis son garde du corps, car Ismaïl, s'il a trouvé dans sa misère d'abord l'accueil des villageois, puis de puissants protecteurs, a aussi des ennemis.

Bien que deuxième tome de la trilogie de Salman le solitaire, La grotte est un roman en soi : celui de la peur. Salman a pris la fuite après avoir assassiné son père adoptif, Ismaïl agha ; il ne revient plus que pour de brèves incursions, mais la terreur qu'inspire le parricide est partout : dans le village, dans la nature sauvage et grandiose qui l'entoure, et jusque dans les villes les plus proches, colportée par des rumeurs invérifiables, mais rappelée aussi par des horreurs bien réelles, cadavres crucifiés ou décapités, chatons et chevaux égorgés, autant de signaux que Salman adresse au petit Moustafa, dont les camarades partagent l'épouvante. Et tout cela amplifié par les rodomontades des aventuriers picaresques qui viennent proposer leurs services à la veuve d'Ismaïl agha, la belle Ziro, pour lui extorquer ses dernières pièces d'or ou la demander en mariage. Brave Petit Poucet perdu entre tous ces indices, et qui apprend très tôt la veulerie des adultes, Moustafa se bat avec tout son courage contre les dangers qu'il voit surgir partout. Mais lorsque le monde autour de lui devient trop menaçant, c'est dans la grotte, pourtant le symbole même de la peur avec ses chauves-souris, qu'il ira se réfugier. Comme dans la plupart des romans de Yachar Kemal, les principaux personnages du livre sont des enfants, avec leur fraîcheur, leurs amitiés, leurs rapports avec la nature, leur univers de mythes et de rêves. Un roman où l'autobiographie a joué un grand rôle.

Après Salman le Solitaire et La grotte, La voix du sang achève la trilogie consacrée aux aventures d'une famille Kurde qui a dû fuir les Russes pendant la Première Guerre mondiale pour se réfugier dans le sud de la Turquie.Salman a assassiné Ismaïl agha dont le fils, Moustafa, vit dans la hantise d'être tué à son tour et communique sa terreur aux enfants du village. Seule le distrait de sa peur et de son désir de vengeance la fascination qu'exerce sur lui la belle Éminé, qui aimait Ismaïl agha d'un amour vain et que Salman vient voir. Au gré des saisons qui passent dans la superbe vallée de la Tchoukourova, ponctuées par l'arrivée des hirondelles, la récolte du coton, les chutes de neige et les irruptions menaçantes de Salman, le village entier participe à l'histoire de Moustafa. Il constitue, sous la plume de Yachar Kemal, tout à la fois un choeur antique et une extraordinaire galerie de portraits : il y a Mèmet l'Oiseau, Youssouf la Chenille, Ali le Sergent, toujours à la poursuite de l'aigle qui le nargue, Abbas, le vieux sculpteur sur bois. Mais il y a surtout, là-bas, "de l'autre côté du Mont Dudul", une contrée fabuleuse où Moustafa cherche à s'enfuir et qu'il finira par atteindre après la mort de Salman, au risque de voir s'effondrer ses rêves d'enfant.

«La nuit était très sombre. L'obscurité était épaisse comme un mur. L'odeur des herbes, le parfum tenace des fleurs emplissaient la tente. Le coussin sentait la menthe des montagnes. J'étais depuis deux jours l'hôte de Müslüm Bey. Depuis deux jours, je ne fermais pas l'œil. Je m'imaginais que si je m'endormais, Müslüm Bey me ferait tuer dans mon sommeil. J'étais sans cesse sur le qui-vive. Cela ne m'était jamais arrivé, je n'avais jamais ressenti une telle méfiance. Une pluie douce tombait sur la nuit. Je me suis levé. Je ne m'étais même pas déshabillé. J'ai tout abandonné là-bas, mon fusil, mes cartouches, tout ce que je possédais, mes jumelles, mon fez. Mon cheval était attaché devant la grande tente, lui aussi je l'ai abandonné et je me suis mis en route...»

Ce volume contient : Mèmed le Mince - Mèmed le Faucon - Le Retour de Mèmed le Mince - Le Dernier Combat de Mèmed le Mince, ainsi que des extraits des Entretiens avec Alain Bosquet accompagnés de 33 documents.

Un homme est tué par l'amant de sa femme. Le meurtrier est abattu à son tour. Mais cette vengeance ne suffit pas à la mère de la victime : la femme qui a provoquée le drame, qui en a peut-être été l'instigatrice, n'a pas été punie, et elle a hérité au surplus des champs de son mari qui était riche. La vieille femme cherche en vain à chasser sa bru du village ; elle rêve de sa mort. Ses fils sont des faibles, ils n'ont pas le courage de tuer cette belle-soeur trop belle. Ils ont peur de la prison. Alors, la mère se choisit un autre justicier : son petit-fils. Il lui faudra du temps pour arriver à ses fins, tous les moyens sont bons pour persuader l'enfant - et la population du village - que le mort ne connaîtra pas la paix dans sa tombe tant qu'il n'aura pas été vengé. Et tout le monde finira par y croire. L'histoire est celle d'un meurtre patiemment préparé, d'une conspiration inspirée autant par l'intérêt que par la tradition de l'honneur à venger et du «rachat» du sang versé.

Ainsi parle la légende : chaque année, quand le printemps s'éveille sur l'Ararat où a échoué l'Arche de Noé, les bergers viennent dès l'aube au bord du lac de Kup et jouent de la flûte, pour célébrer le Mont. Au coucher du soleil, un mystérieux oiseau blanc vient par trois fois toucher l'eau de son aile, et disparaît dans le ciel. Alors les bergers se retirent.Et voici le roman, tel qu'il aurait fondé la légende : un matin, un cheval blanc apparaît devant la maison du berger Ahmet. Par trois fois, Ahmet éloigne le cheval de la région d'Ararat, et le cheval revient. Ainsi en est-il des dons du Ciel, selon la tradition. Ahmet refuse donc de restituer le cheval à son propriétaire, le cruel pacha ottoman. Capturé, jeté en prison, Ahmet sera mis à mort si le cheval ne revient pas. L'amour fou qu'éprouvent l'un pour l'autre Ahmet et Gulbahar la Souriante, une des filles du pacha, l'amour fou qu'éprouve secrètement le geôlier Mémo pour Gulbahar et la complicité de toute la population décideront du sort des amants. Leur histoire s'achèvera sur le Mont Ararat.

Chaque année, à l'automne, des nuées de petits oiseaux de toutes sortes s'abattent sur le Plan de Florya, bande de plage voisine d'Istanbul. Une coutume qui remonte à l'époque de Byzance voulait qu'à la porte des mosquées, des églises et des synagogues les gens achètent ces oiseaux et les laissent ensuite s'envoler, messagers qui plaideraient leur cause au paradis. Mais aujourd'hui, les trois enfants miséreux, Sémih le loubard, Hayri aux yeux en triangle et Suleyman le Long, ont beau remplir leurs cages, au point que des oiseaux y meurent étouffés, non seulement personne ne veut plus gagner son paradis, mais sur les places publiques, au bruit des voitures et aux appels des cireurs de chaussures et des marchands de boulettes de viande se joignent bientôt les insultes et les moqueries des passants. C'est sur ce thème que Kemal développe son récit qui vous serre le coeur, où la cruauté, l'indifférence et l'incompréhension, souvent dues à l'ignorance et à l'oubli, ne laissent plus de place à la joie d'un instant, au geste d'une main qui s'ouvre, comme ça, pour rien, pour la liberté.

Dans un petit port de pêche de la mer Noire, aux environs d'Istanbul, un enfant, Salih l'Émerveillé, doit son surnom à la fascination qu'exerce sur lui un univers qu'il découvre sans cesse : la mer et le ciel et les grands bateaux bleus et les poissons dorés et les guêpes aux ailes diaphanes et les flammes de la forge et les mains de l'homme qui donnent la vie au fer et au bois, mais aussi le courage et la lâcheté, la bonté et la cruauté, l'amour et l'injustice ; un monde réel qui se confond avec celui de ses fantasmes. La vieille grand-mère qui passe ses jours et ses nuits devant son métier à tisser, en attendant le retour du jeune et beau mari qui l'abandonna autrefois, est, pour Salih, une sorcière aussi redoutable que celle des contes de fées ; Che Guevara est le fiancé d'une jolie touriste ; Témel le maître pêcheur et Métine le contrebandier passent leurs soirées à boire du vin violet avec le roi des corsaires. Et tout au long de la côte, les équipages des voiliers, qui vivent du trafic d'armes ou de cigarettes américaines, s'entre-tuent toujours comme des personnages de films de pirates. Salih, qui cherche désespérement à sauver une petite mouette à l'aile brisée, se heurte à l'indifférence et à l'égoïsme. En vain, il tente d'opposer ses rêves à l'implacable réalité. La mouette mourra, Métine sera tué... Salih a fait l'apprentissage d'une vie sans pitié.

Pour la première fois, dans ce livre, Yachar Kemal aborde, avec le thème d'Istambul, la période agitée des années 1970, où ses héros, des gens du peuple, se trouvent entrainés avec leurs passions dans des conflits qui les dépassent et dont ils ne perçoivent pas les enjeux.

Yachar Kemal et Alain Bosquet se sont rencontrés au sommaire d'une revue américaine, dès 1957. Depuis la publication en France de Mèmed le Mince, ils entretiennent une amitié vive et véhémente. De leurs rencontres et de leurs pugilats est née, en 1984, l'idée d'un dialogue plus exhaustif. Comme ils ne parlent pas la même langue, ils se sont écrit longuement. Ces entretiens se sont terminés en 1989 : il a fallu les revoir, les resserrer, leur donner une forme dense et drue. Yachar Kemal y parle de son enfance fabuleuse, de la situation de la Turquie, de ses propres drames, de la difficulté d'être un écrivain dans un pays où la démocratie connaît des hauts et des bas. Il s'exprime aussi sur la littérature universelle et ne craint pas de prendre parti : on peut être un romancier épique et un homme d'action. Il a paru souhaitable de publier ce livre tel qu'il a été rédigé il y a trois ans, sans rien changer aux réflexions politiques, dont certains détails peuvent ne plus s'appliquer. Ce qui compte, c'est l'exceptionnelle richesse du tempérament, chez Yachar Kemal.

Les habitants de Yalak, village de Taurus complètement isolé du reste du monde par le terrible hiver (c'est la terre de fer), vivent dans l'attente de celui qui doit venir – il en a le droit – les déposséder de tout : grains, bêtes, et jusqu'aux «culottes de leurs femmes». Celui qui doit venir est le riche marchand de la ville, Adil Éfendi. La mauvaise récolte ne leur a pas permis de lui rembourser ce qu'ils lui doivent. À la menace de dépossession s'ajoute la conviction du déshonneur : dans tous les villages du Taurus, la tradition exige que les dettes soient payées après la cueillette du coton. Un seul d'entre eux, Tête de Pierre, surmonte la terreur aussi bien que le sentiment de la faute. Une lutte de prestige s'engage alors entre lui et le maire, personnage double et veule, lutte au cours de laquelle, peu à peu, dans les maisons de torchis que le gel retient de s'écrouler avant le printemps, naît le mythe : Tête de Pierre n'est-il pas un prophète, un saint peut-être? D'abord sceptique, le héros désigné finit par s'en convaincre lui-même.

Comment les éléphants réduisirent les fourmis en servitude. Comment, grâce à elles, ils connurent une prospérité sans égale. Comment Barbe-Rouge le boiteux parvint à unir les fourmis pour les mener vers la délivrance. Anne Bozellec a su illustrer l'humour avec lequel Yachar Kemal, le conteur, dénonce l'horreur de la guerre et les dictatures.

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