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Je pensais à ces nuits où elle fredonnait « ça te va » dans le noir de ma chambre. Ces nuits où je l’entendais, la sentais, sans la voir. Une voix habitait l’espace. Gail n’était peut être qu’une chanson, et l’amour un excès morbide d’imagination. Je l’avais romancée pour la rendre réelle. Je lui avais prêté tant de corps qu’il avait été impossible de le satisfaire. J’étais fou de ce corps pour des raisons stylistiques. Dès le premier soir, chez Testi, je l’avais confondu avec la poésie. La poésie, on l’aime de dos. Plus tard, lui donner du plaisir, c’était faire jouir la poésie. Cette confusion démente m’avait fait perdre mes moyens. Je débandais : le stylo cassait. Elle ne venait pas : la poésie reculait. Le dépit du mâle se confondait avait celui du poète. Et si elle me disait que ce n’était pas grave, que le plaisir n’avait pas d’importance, c’est qu’elle était moins poète que moi. Elle m’aurait peut être aimé si j’avais été moins poète.
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