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—Je ne veux pas devenir prêtresse, Tete. Collier d’Étoiles a parlé. Mon tonalli est d’être chef.
—Une femme chef ? Cuauhtli le sage dépose son écuelle dans un bruit sec et saisit la coiffe de chef suspendue au mur. En traversant la lumière qui filtre à travers les troncs, les plumes rousses s’animent d'éclats dorés. D’un geste solennel, il dépose la parure sur son crâne et incline son visage buriné vers sa fille :
—Nos lois sont strictes, Ameyal. Seuls les hommes sont capables de commander.
—J’en suis capable aussi.
—Nous avons déjà eu cette conversation des dizaines de fois. En tant que fille de chef, tu seras mariée au Serpent Précieux, et tu prieras pour qu'il protège le village.
—La prière ne m'intéresse pas ! Cuauhtli s’éloigne en soupirant. Il décale le rideau qui ferme la hutte et tourne la tête vers Ameyal :
—Je pars au conseil. Mets ta robe, le prêtre t'attend. La jeune fille regarde son père disparaitre derrière le rideau bariolé, qui remue légèrement et s’immobilise.
Afficher en entier—Bonjour, seconde soeur.
L’imposante esclave quitte la pièce en soupirant. Ameyal l’entend se plaindre à Necahual, puis les voix s’atténuent à mesure que les deux esclaves s’éloignent dans le couloir. Un parfum de miel flotte dans l’air encore frais du matin. Assise dos à Ameyal, Coatzin scrute la jeune fille dans un miroir à main :
—Lève-toi. Ameyal s’exécute en gardant les yeux baissés. À ses pieds s’amoncèlent des jouets de bois, une poupée de chiffon et un petit miroir d’obsidienne. Lentement, la seconde épouse s’approche d’elle. Elle porte une robe de plumes jaune-pâle disposées comme des écailles. À son cou luit un collier vert translucide. Des émeraudes. La jeune fille tressaille. Le bijou lui rappelle l’inconnue qu’elle a croisée lorsqu’elle a volé l’octli. Un rictus parcourt les lèvres de Coatzin, qui s’approche et tourne plusieurs fois autour d'Ameyal. Puis, la seconde soeur pose une main sous le menton de la jeune fille pour lui faire lever le visage. Le contact est à la fois lisse et froid.
—Quel magnifique regard. Tu vas faire des envieuses !
Afficher en entier—D’où te viennent ces yeux verts ? Je n’ai jamais vu cela chez personne.
—Mon père m’a dit qu’ils viennent de l’océan, Maîtresse.
—De l’océan ? ricane la vieille femme. Les lèvres sèches de Tene se retroussent. Ameyal écarquille les yeux. Ses dents, incrustées de pierres précieuses, jettent des reflets colorés.
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