Ajouter un extrait
Liste des extraits
Il est né dans la nébuleuse grise. Au cœur brûlant des amas bleus, il jaillit, traverse les brumes sombres et immenses, trace sa ligne entre les étoiles qui piquettent le noir profond de l'univers. Les forces courbent l'espace tout entier, le ploient indéfiniment. Elles ont peut-être raison. Ici, rien ne s'ajoute au Temps ni ne s'en retranche ; la matière vibrante des géantes rouges irradie le vide, l'amplifie à sa démesure.
Il voyage à la vitesse de trois cent mille kilomètres par seconde, il est immortel. Il glisse sur le froid énorme des champs d'astéroïdes, rebondit sur l'obscurité des planètes mortes, ne croit en rien d'autre que lui-même. Il est tout ; il n'est déjà plus rien.
Le photon dérive, invincible. Il ne connaît que trop peu de choses de ces matières vivantes et bêtement immobiles. Il en croise, pourtant, de systèmes solaires en singularités vives. Elles représentent des jalons à peine marqués, fantomatiques sur les fonds infinis des mondes creux.
L'univers est un ennui éternellement recommencé, le photon l'a appris depuis sa naissance. Et ce dernier continue, sûr de lui, parce qu'il a créé en partie l'inexplicable ; ces boules rondes et gelées flottant dans le néant ; ces étoiles d'une blancheur insoutenable ; ces gouffres obscurs aspirant et comprimant tout ; ces nébuleuses d'où lui-même, petit ludion de lumière immatérielle, a été expulsé. Cette somme innommable, insensée. Durable et solitaire.
Le Temps est tellement long qu'il en devient profondément immobile. Le photon poursuit sa route perlée, visite des soleils jumeaux autour desquels gravitent des bouts d'astres pelés, ignore les météores incandescents des vieux mondes, atteint enfin les régions périphériques d'une galaxie semblable à toutes les autres.
Afficher en entierBankgreen n'est peut-être rien.
Elle est sûrement tout.
Et elle ne le doit qu'à elle-même.
Afficher en entier- La mort n'est une réalité que pour celui qui l'atteint. C'est l'acte du Grand Saut en tant que tel qui la détermine, et non pas ce qui l'aura précédée. Voulez-vous connaître la vôtre, MaSatri ?
- Qui le voudrait, hormis les fous et les prétentieux ?
Afficher en entier- Je n'ai jamais compris grand-chose à ce qui a fait Bankgreen, et à nous tous qui la peuplons. Si, sur le monde mauve et noir, tout a une raison, pourquoi je devrais mourir maintenant ?
- La réponse est contenue dans la question.
Afficher en entier