Extraits

"Vous accueillir et vous soigner est notre mission, les conditions d'accueil et d'hébergement ne sont pas de notre ressort", souligne encore ce courrier au travers duquel les urgentistes remercient les usagers pour leur "patience" et sollicitent leur aide, en les invitant "à prendre les dispositions nécessaires" pour manifester leur mécontentement. Suivent, en bas de page, les coordonnées postales de l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, de la direction de l'hôpital, de la mairie, ou encore du ministère de la Santé à Paris.

Et de donner cette précision : "Moi, je peux te dire avec lucidité, et beaucoup de peine en le disant, que j'espère que les gens ne viennent pas pour quelque chose de grave à 4 heures du matin quand ils sont pris en charge par quelqu'un qui en est à sa vingtième heure."

A ses côtés, ce qu'on apprend aussi, c'est que travailler sur un plan blanc, c'est tout prévoir au maximum, y compris le fait de savoir si les crèches pourront prendre en charge les enfants en bas âge des équipes soignantes sur le pont de manière imprévue et pour un temps indéterminé.

Ce 13 novembre 2015, elle s'en souvient comme si c'était hier et garde bien en mémoire le premier appel du SAMU, vers 21h30 : "Il se passe quelque chose de grave. On ne sait pas trop quoi encore, mais on vous prévient parce qu'à notre avis il va y avoir beaucoup de victimes."

Comme toujours, il aura fallu attendre un drame pour commencer à rechercher des solutions à une situation connue de tous.

C'est toujours le même scénario. Tout le monde s'accorde à dire que le système craque de toutes parts.

L'équipe est la même que dans l'ambulance. Trois motos : l'ambulancier ouvre la voie, suivi par le médecin et l'infirmier qui ferme la route. Cette équipe peut ainsi intervenir en premier secours avec le matériel adéquat dans une foule, un événement sportif comme un marathon, une manifestation ou dans des lieux difficilement accessibles, où la seule voie peut être un sentier ou le passage de talus.

Dans le fond de la salle, un robinet s'ouvre soudainement tout seul. Un dysfonctionnement lié à la cellule qui permet d'ouvrir ces robinets en passant la main devant, sans contact.

En fait, les urgences, depuis quarante ans, se sont construites au coup par coup, en suivant les évolutions de la société, en première ligne, à la porte d'entrée de l'hôpital, dont elles sont un peu l'enfant terrible, celui qui alerte, qui accueille, qui proteste, qui désorganise. "Le sale gosse qui fait chier tout le monde", s'amuse un chef de service adjoint.