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En juillet 1959, dans la salle commune réservée aux "gens de couleur" d'un hôpital de New York, une femme se meurt. Son esprit s'envole alors que s'égrènent quelques notes de jazz. Chicago, Los Angelès, New York, Paris, des visages amis, d'autres personnes encore, qu'elle aurait voulu ne jamais connaître... Les images défilent tandis que s'enfuit sa vie - la vie de Billie Holiday. Véronique Chalmet nous raconte ici cette existence trop courte avec le talent d’une romancière.
Eleanora Holiday, née en 1915 à Baltimore et surnommée "Billie" en hommage à l’actrice Billie Dove, est confrontée dès sa plus tendre enfance à la violence et à la haine raciale. Sa mère, célibataire, la confie à des parents et part chercher du travail à New York. La fillette devient bonne à tout faire dans un bordel de Baltimore. Elle y est violée dans l'indifférence générale. Elle a treize ans lorsqu’elle rejoint sa mère, mais elle est arrêtée au bout de quelques jours parce qu'elle se prostitue. Elle sort de prison quatre mois plus tard et trouve un emploi de chanteuse payé au pourboire dans un beuglant miteux. Sa voix sensuelle aux accents parfois aigres est bientôt connue de la plupart des grands clubs new-yorkais.
En 1935, elle enregistre avec Duke Ellington. Sous la houlette du manager de Louis Armstrong, Joe Glaser, elle signe bientôt ses propres albums, travaille avec Count Basie, Teddy Wilson et Benny Goodman, se produit dans les clubs les plus cotés de Chicago et de Los Angelès. On passe ses tubes à la radio - dont Gloomy Sunday, qui sera banni des ondes en 1941 pour avoir provoqué plusieurs suicides... C’est que l'existence de Billie est en parfaite adéquation avec ce qu'elle chante : le désespoir amoureux, l'errance, la solitude, l'alcool, la drogue. Bref, le "blues". En 1947, d’ailleurs, elle est arrêtée pour usage de stupéfiants. Au début des années 1950, elle alterne contrats et cures de désintoxication.
En 1954, elle fait une tournée en Europe, enregistre avec Count Basie et son orchestre, mais celle que le saxophoniste Lester Young appelle affectueusement « Lady Day » est usée par l'alcool et la drogue. En mai 1959, elle donne son dernier show au Phoenix Theater de New York. Quelques jours plus tard, elle est hospitalisée, probablement pour overdose. À quarante-quatre ans, Billie s'éteint doucement, toute seule, dans des conditions déplorables. Quelques années plus tôt elle a confié à Françoise Sagan : «Tu sais, je vais mourir bientôt à New York, entre deux flics. » Treize ans après sa mort, Diana Ross rendra hommage à Lady Day en l’incarnant dans un film, Lady sings the blues.
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