Extraits

J'entre dans une minuscule boutique de fringues hors de prix - du genre de celles qui n'exposent qu'une seule paire de chaussures dans leur devanture - et j'en ressors avec un foulard en cachemire rouge et blanc, très utile au début du mois de juin à Paris.

Oui, ce sont les couleurs du drapeau du Danemark.

Non, ça n'a aucun rapport!

– Seuls, murmure mon brun ténébreux en réapparaissant et en me décochant un sourire en coin.

Il desserre sa cravate fine en avançant vers moi, je pose la main sur son torse pour l’empêcher d’approcher davantage.

– Tu aurais dû me dire que tu étais occupé…

– Tu aurais dû venir plus tôt, grogne-t-il en me plaquant contre le mur pour m’embrasser.

Soren le conquérant, le sauvage, est de retour. Son souffle chaud balaie ma peau tandis que ses lèvres se perdent dans mon cou et que ses mains remontent le long de mes cuisses. Je suffoque presque lorsque qu’il me soulève brusquement pour m’emmener dans la pièce secrète.

– Tu t’es fait attendre, Vénus… susurre-t-il à mon oreille en me déposant sur une grande table de travail en bois massif. Dans cet immense bureau faiblement éclairé – où se tenait une réunion nocturne avant mon arrivée – sa voix rauque résonne, rapidement couverte par mes soupirs. Ses paumes se sont déjà glissées sous le tissu rouge de ma robe. Rouge, comme le sang qui palpite violemment dans mes veines.

Voilà ce que je suis venue chercher : l’inconnu, l’adrénaline, le danger.

Les autres peuvent bien se contenter de leur vie en ligne droite, sans risques ni passion. Pas moi.

Entre ses mains, je suis une autre… plus animale, plus courageuse, plus libre.

Et je jure solennellement que je ne l'aspergerai pas de parfum, que je n'y déposerai pas de marque de rouge à lèvres, que je n'y dessinerai pas le moindre coeur. Non. Digne, sobre et mystérieuse.

Quand j’aurai encore admiré mon prince voyou, la grâce de son corps endormi, la sensualité de sa peau nue, la force de ses muscles qui me malmènent encore dans ma mémoire, la douceur de ses yeux fermés qui ne me fusillent plus. C’est si rare que je détienne ce pouvoir. Mais si je le regarde encore, juste quelques minutes de plus, je n’arriverai jamais à quitter ce lit immense et peuplé de souvenirs, chaud de sa présence à mes côtés. Je pourrais continuer à en profiter tant qu’il dort de ce sommeil si profond que rien ne pourrait le troubler. Mais à la seconde où il s’éveillera, j’aurai tout perdu. Ma détermination, ma sérénité, ma petite victoire de partir avant qu’il me chasse, et je serai à nouveau sa prisonnière, suspendue à ses lèvres, à son regard, à l’espoir qu’il me demande de rester.

Je tiens à offrir à messieurs Larousse, Robert et autres auteurs de dictionnaires cette nouvelle définition parfaite du mot dilemme.

Ne me remerciez pas, c’est cadeau.

Je te vois même quand tu n'es pas là.

Et quand je crois t'avoir vu, tu as déjà disparu.

Où te caches-tu, voyou? Et surtout pourquoi?

Vénus.

Ps: ton numéro de téléphone est-il aussi secret que ta personne?

"Tiens, juste pour ça, je devrais opter pour la robe à sequins et à plumes !

Remarque, j’en entendrais parler pendant les cinquante prochaines années…

Sur ma pierre tombale, ils inscriraient : « Juste pour cette robe, Emma Green mérite son sort. » "