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" D’abord, l’incompréhension.
Je restai accroché au téléphone comme si la communication avait coupé avant que Nora n’ait pu finir sa phrase. Les mots qu’elle avait prononcés restaient en suspens, dans l’attente d’une suite qui allait venir les éclairer et leur donner une toute autre signification. Je demeurai ainsi une éternité. Les secondes se transformèrent en minutes puis en heures. La nuit noire s’était installée très vite, obscurcie par des nuées sombres qui ne laissaient pas filtrer les rayons de la lune, et recouvraient la vallée qui s’étendait à mes pieds.
Le temps s’était figé.
Je me tenais immobile, le smartphone collé à l’oreille. Seuls les imperceptibles mouvements des nuages indiquaient que la nuit avançait. Peu à peu, mon inconscient me livra une évidence que j’avais refusé d’admettre. Les termes que Nora avait employés se gravèrent alors dans mon esprit et ces mots qui n’avaient jusque-là aucun sens, se mirent enfin en ordre pour former une phrase logique.
"Nous deux, c’était une erreur. Refais ta vie, Aidan, avec quelqu’un de ton peuple. C’est mieux pour tout le monde."
Vint alors la négation.
Comme un pantin prenant peu à peu vie, ma tête bougea de droite à gauche, niant l’atroce vérité. J’avais sûrement mal compris. Elle n’aurait jamais fait ça !
Pas après les épreuves que nous avions traversées.
Pas après le combat que nous avions mené.
Pas après avoir risqué sa vie pour sauver la mienne.
Pétrifié, je fixais, interdit, le téléphone. Nora devait déjà regretter ce qu’elle venait de faire, elle allait rappeler.
Elle devait rappeler.
Les minutes s’enchaînèrent, mais l’appareil resta désespérément muet. Quand je repris enfin mes esprits, je composai son numéro, plein de confiance. Au début, cherchant à justifier son répondeur, je crus plusieurs fois qu’elle essayait de me rappeler. Mais cette confiance se mua en déception plus tard puis en désillusion lorsque, des centaines de coups de fil plus tard, je constatai, impuissant, que seule sa messagerie me répondait. La détresse, qui me submergea alors, fut d’une brutalité inouïe. Jamais le désespoir ne m’avait frappé avec une telle intensité. Comme une vague destructrice qui engloutit tout sur son passage, cette atroce constatation déferla sur moi en anéantissant le mince filet d’espoir qui tentait de survivre dans mon cœur depuis son appel.
Puis, ce fut la colère. "
https://lesoupirduroman.wordpress.com/2016/04/05/brulure-de-glace-tome-2-les-proscrits-emmanuelle-nachin/
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