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L’aube se devine à peine. Un temps immobile sur ces terres vouées aux grands vents. Vents de mer chargés de sables et de sels, vents du nord : fleuve qui déferle sur le fleuve avant de malmener les arbres et les herbes de cette Camargue où les terres se mêlent à l’eau du Rhône et à celle du grand large.
Une végétation épaisse entremêle ses branchages et noue ses lianes. Survivance des époques bouleversées, du temps d’après glaciers, les espèces du Nord se mêlent à celles du Sud. Le saule, l’aulne, le peuplier côtoient le pin noir. Dans les espaces où nul arbre ne pousse, c’est la salicorne et le tamaris qui dominent. Des touffes de joncs et de roseaux s’accrochent aux rives des bras de fleuve qui divisent cet espace en une multitude d'îles et d’îlots.
La première lueur couleur d’eau trouble brosse à peine les feuillages que les taureaux noirs se lèvent. Ils émergent lentement de leur sommeil et leurs premiers beuglements dérangent quelques échassiers dont le vol mal réveillé rase le sol pour aller plonger dans l’eau grise.
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