Haïley Queen,

Je lui lèche le lobe de l’oreille, je sens sa queue dure à travers son pantalon. Mon cœur bat à toute vitesse, seulement j’ai l’impression qu’il bat entre mes jambes. D’une main, il descend la fermeture de ma robe et de l’autre il incline ma tête vers l’arrière pendant qu’il lèche mon cou dans son intégralité. Je frémis chaque fois que sa langue entre en contact avec ma peau. C’est si bon… je descends la fermeture de son pantalon, libère son sexe puis le prends à pleine main. De mes doigts, je l’accompagne jusqu’en moi. Il s’y enfonce très vite et très fort, je ne tiens plus et jouis presque aussitôt…

Je me réveille, il est 3 h 47. Cela fait presque une semaine que je n’avais pas ressenti un tel orgasme. Un orgasme nocturne. J’ai soif. Vraiment soif. Et je tremble. Presque comme à chaque fois que je me réveille après ça. J’expédie la couette et me lève encore perturbée par ce que je viens de vivre. Je me dirige vers la cuisine, j’ouvre le réfrigérateur et prends une bouteille d’eau. Je la vide presque d’une traite.

J’en profite pour consulter mes mails et m’aperçois qu’il y en a un de mon supérieur. « Réunion le vendredi 09/12 à 18 h 40. » Nous sommes le six décembre, il ne me reste donc pas beaucoup de temps pour me ressaisir. Me retrouver dans la même pièce que lui est un réel problème. Seulement lui, il ne le sait pas.

Il hante mes nuits, et s’accapare presque toutes mes journées. Il faut que je dorme, j’ai besoin de dormir.

Je regarde ma splendide montre Lui Jo offerte par ma meilleure amie à l’occasion de mon dernier anniversaire et m’aperçois qu’il est 7 h 20. Il est déjà là. Visiblement, il n’y a pas que moi qui ai du mal à dormir la nuit. Cela va bientôt faire six mois que je travaille au sein de cette entreprise, et je n’avais jamais ressenti un tel niveau de fatigue. Je passe mes mains sur mon visage dans l’espoir de chasser cette irrépressible envie de dormir de ma tête quand tout à coup un bruit sourd me tire de ma rêverie.

— Voilà le dossier qui doit être bouclé pour la réunion de vendredi. Je le veux sur mon bureau demain matin à la première heure, dit-il en laissant tomber le dossier sur mon bureau.

Deux possibilités, soit ce dossier pèse une tonne ce qui à mon avis est très peu probable, soit ce type a sérieusement besoin qu’on le remette à sa place.

— Bonjour à vous aussi. Vous plaisantez j’espère ? — Je vous donne cette impression-là ? me dit-il la mâchoire serrée.

— Mais je vais y passer la nuit…

— Eh bien ! Cette fois-ci, votre état de fatigue sera facilement justifiable, ajouta-t-il tout en se recoiffant devant la baie vitrée.

Il va devoir se calmer, car je n’ai ni le temps ni l’énergie nécessaire pour planquer un cadavre maintenant. C’est vrai qu’il est plus qu’attirant, mais avec une personnalité aussi merdique que la sienne, cela devient difficile d’apprécier son physique.

Ce type s’est tapé la moitié de Paris. J’ai eu vent de ses innombrables frasques par deux ou trois de mes collègues. J’ai largement eu ma dose de connard par le passé. Pourtant, je suis là. À l’observer. Envahi par cette sensation. La même que celle qui me submerge depuis notre rencontre.

Je le hais. Je le hais et je le désire, comme jamais je n’avais désiré qui que ce soit jusqu’à présent. J’ai envie, j’ai besoin de le sentir, au plus profond de moi-même. Quand son regard croise le mien, je ferme les yeux et je me perds à imaginer la totalité de ce que je pourrais lui faire, une fois à l’horizontale. Une fois de plus, je me surprends à avoir des pensées que jamais je n’aurais pu avoir par le passé.

Il contourne mon bureau pour rejoindre le sien, arborant son air prétentieux. Celui que j’aime et que je déteste tant. Puis il part en lançant « Demain matin. Première heure. Bonne journée Mademoiselle Queen » avec ce stupide sourire aux coins des lèvres, celui qui fait ressortir ses deux petites fossettes si diaboliques.

Il ne manquait plus que ça, entre : ma nuit sans cesse interrompue par la vision de mon patron complètement nu, l’ascenseur qui tombe en panne, cet abruti de coursier qui a déposé mon courrier deux étages trop bas. Comme par hasard, juste le jour où je choisis de mettre cette magnifique paire d’escarpins flambant neuve et mon téléphone portable qui a atterri dans une flaque d’eau pendant ma pause déjeunée. Je dois dire que me taper une nuit blanche pour satisfaire les caprices de ce connard ne me réjouit pas.

Il va sûrement se taper une partie de jambe en l’air avec une de nos charmantes collaboratrices pendant que je prépare tranquillement la présentation.

Je travaille au poste d’assistante de direction pour une firme multinationale « Jackson Corporation ». Ce poste me plaît vraiment beaucoup. Seulement mon patron c’est une autre affaire. Il est sarcastique. Très souvent pour ne pas dire constamment. Il est également odieux et exigeant. Mais vraiment exigeant. Pas comme les autres patrons, non, un vrai tortionnaire. Aucune pitié avec quiconque et en particulier avec moi, ce qui a le don de me rendre dingue.

Son physique plutôt avantageux, lui permet d’obtenir absolument toutes les faveurs des femmes présentent dans cette boite, sauf moi. C’est un bras de fer permanent entre nous, je ne saurai l’expliquer d’ailleurs. Je suppose que mon incapacité à me laisser marcher dessus y est pour quelque chose. Son air suffisant me tape carrément sur le système ou alors c’est le désir permanent qu’il a de me contrarier qui m’insupporte, je ne sais pas vraiment. Ne parlons pas des petites réflexions qui rythment mon quotidien. « Queen ! Baissez d’un ton je n’éprouve ni l’envie ni le besoin de participer à votre foutue conversation téléphonique mortellement ennuyeuse. » Ou encore « Vous avez encore changé de plantes vertes ? Faites-moi penser à vous appeler quand je souhaiterai faire mourir les miennes » pauvre type…