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Tarek Seidah est né en Égypte dans un milieu bourgeois et occidentalisé. Son avenir est déjà tout tracé il sera médecin comme son père. À 25 ans, ce dernier meurt alors que Tarek supervise la création d'un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam au Caire. À 33 ans, Tarek vit un quotidien ordinaire dans les années 80, entre son travail de médecin très prenant et son existence familiale entourée de femmes. Il y a sa mère autoritaire, Nesrine sa petite sœur et confidente, Fatheya la domestique qui est bien plus que cela, et enfin son épouse discrète Mira. Lors de ses consultations hebdomadaires au dispensaire, Tarek va faire une rencontre surprenante avec Ali jeune habitant du quartier. Il va le prendre sous son aile et sa vie en sera bouleversée.

C'est un magnifique premier roman que nous offre Éric Chacour. L'engouement pour cette belle histoire est complètement justifiée.

La construction de la narration est originale et maîtrisée. L'utilisation du "tu" est déroutante au début, puis cela devient une évidence. Tarek est présenté par un narrateur mystérieux qui semble le connaître. Alors que sa vie se joue sous nos yeux, il reste en filigrane de la lecture cette question : qui est cette personne qui raconte Tarek ?

Le vocabulaire est riche et soutenu mais sans fioritures et accessible. Que c'est agréable de lire ces magnifiques mots utilisés à bon escient. L'écriture est de toute beauté. Elle permet de s'immerger totalement dans le lieu et le contexte historique, social et sociétal.

Le portrait intime de Tarek permet de brosser l'histoire et les secrets d'une famille entière prise dans le carcan de la réputation et des non-dits. La tendresse est présente bien que certains choix compréhensibles ne le mériteraient peut-être pas. On sent une grande maturité et même de la sagesse chez le narrateur.

J'ai vécu ce roman comme un double parcours initiatique. Celui de Tarek qui cherche à être lui-même, à être honnête et bon en tant que médecin et homme. Celui du narrateur mystère qui tente de comprendre l'homme qu'il décrit.

Les personnages féminins ont leur importance. J'ai aimé la présence de Nesrine toute en en discrétion. Un des moments forts dans le roman a été pour moi le passage où Nesrine et Tarek, la sœur et le frère, se retrouvent lors d'une discussion qui prend la forme d'un jeu d'enfance. C'est une scène remplie d'émotion où la pudeur et l'amour fraternel sont bouleversants.

Ce roman était dans ma wishlist, j'ai eu la chance de le recevoir grâce à Lecteurs.com alors MERCI MERCI MERCI.

Le Caire - 1961.

Ce roman débute en un temps où les enfants ne choisissaient généralement pas ce qu'ils feraient dans la vie. À la question de son père lui demandant ce qu'il aimerait plus tard, de fil en aiguille Tarek dit involontairement qu'il voudra être médecin. Donc il sera médecin, comme son père. Il suivra ce chemin tracé pour lui de longue date, tranquillement, consciencieusement.

L'histoire fait des allers-retours dans plusieurs époques et m'a appris un certains nombre de choses sur l'histoire de l'Égypte et le cosmopolitisme cairote.

Ce qui m'a sauté aux yeux très rapidement, c'est que l'auteur décrit les sentiments, les pensées et les comportements humains magnifiquement. C'est comme s'il m'avait donné les clés qui me permettaient soudain de comprendre mes semblables : […] il n'y a pas d'adultes au comportement d'enfant, il n'y a que des enfants qui ont atteint l'âge où le doute est honteux.

Une chose m'a attristée et heurtée, seul Tarek semble avoir de l'importance aux yeux de ses parents. Ce que dit ou pense Nesrine, sa sœur cadette, n'est jamais entendu. Elle est quantité négligeable.

Par ailleurs, le narrateur s'adresse à Tarek et le tutoie. Cette façon de faire, très inhabituelle, m'a énormément plu. Il lui parle, et de fait nous raconte son histoire et ça rend le tout assez intime. Mais Tarek et son côté humaniste qui ne se satisfaisait plus uniquement de la médecine pour les riches et de la petite vie convenable qu'elle engendre, au fond s'est-il trouvé où s'est-il perdu ? Car son chemin tout tracé va prendre des voies sinueuses qui affecteront le cours de sa vie.

J'ai beaucoup aimé la narration qui met une petite distance entre les personnages et nous tout en nous invitant dans leurs vies et surtout celle de Tarek, avec ce qu'il faut de pudeur, sans jamais aucun voyeurisme ni pathos. On finira par apprendre qui est le narrateur puis d'autres choses, auxquelles je ne m'attendais pas du tout et je l'ai ressenti comme le second souffle de cette histoire.

Une écriture belle et envoûtante, tout en nuances et délicatesse qui nous raconte l'histoire d'une vie qui finalement n'entre pas dans les cases qui lui avaient été assignées. Combien de gens regardent en arrière et regrettent ? Sans doute beaucoup. Pourtant, à quoi bon ?

J'ai adoré ce roman qui nous parle de la vie et des choix, ou non-choix, qu'on fait, qui peuvent être aux antipodes de ce qu'on aurait pu imaginer de plus fou, qui forgent irrémédiablement nos existences. C'est peut-être ça qu'on appelle le destin et qui pourtant n'est que le résultat de nos décisions. Ce roman nous emmène de 1961 à 2001, du Caire à Montréal. C'est aussi l'histoire d'une quête, du besoin de combler un manque, le manque de quelque chose d'essentiel.

Premier roman d’Éric Chacour et quel roman ! Difficile de passer à côté en cette rentrée littéraire tant il vous embarque dans la ville du Caire du milieu du XXè siècle jusqu’à sa fin, décrivant un monde révolu où la prestance sociale tenait place d’us et coutumes.

Éric Chacour raconte l’histoire de Tarek, au cœur du Caire, dans les années 60, au sein de la communauté levantine qui enregistre un déclin notoire. Ce garçon suit le chemin tout tracé par son famille. Malmenées par le renouveau de la conscience égyptienne et la politique de Nasser, les conventions sociales de cette communauté imposent pourtant encore leur strict respect.

Aussi, Tarek n’a jamais imaginé faire autre chose que médecin comme son père, reprendre sa patientèle à sa mort et officier dans la clinique qu’il avait créée. De même, il épouse son premier flirt, tout absorbé à vivre son travail. Seulement, en consacrant une journée dans le quartier pauvre, sa vie va basculer. Plus rien ne sera comme avant !

La présentation doit s’arrêter là. La poursuivre, serait dévoilée une partie de la portée romanesque de ce premier roman. En deux parties, la seconde vient relancer l’intrigue de manière complètement inattendue. Le style est maîtrisé pour émouvoir, décrire et raconter.

“Tendre, douce et pudique”

On cherche les éléments autobiographies contenus, souvent, dans un premier roman. Évidemment, il y a cette “ville-pays”, Le Caire, chère au cœur de ce Canadien né à Montréal dont le père est cairote et sa mère née à Alexandrie. Les odeurs, son tumulte vertigineux et l’ambiance des années 60 y sont restitués avec méticulosité. Ce monde n’existe plus et pourtant, même dégradé et abandonné, sa présence se sent encore dans les bâtiments abandonnés du Caire moderne.

L’homosexualité tient une place particulière en dénonçant le carcan d’une société qui oblige à l’exil. Est-ce que les choses ont beaucoup changé ? Pas sûr ! Seulement l’angle abordé par Éric Chacour est singulier et a le mérite de faire réfléchir.

Même si Tarek ne satisfait plus les aspirations sociales de son clan, sa personnalité, le lecteur l’aborde avec affection, tant Éric Chacour veille à nous le présenter ainsi. Pourtant, la seconde partie aurait pu, peut-être par facilité, nous plonger dans le ressentiment et même la vengeance.

Ainsi la force de Éric Chacour dans Ce que je sais de toi est sa patte romanesque avec son écriture “tendre, douce et pudique” “à la fois disait Augustin Trapenard dans sa Grande Librairie de rentrée.

Rien à ajouter !

La suite de la chronique illustrée ici https://vagabondageautourdesoi.com/2023/10/04/eric-chacour-ce-que-je-sais/

Quel livre ! Je l'ai reçu à Noël, dévoré en quelques jours et conseillé à plusieurs personnes dans la foulée.

On y suit un jeune homme dans une communauté aisée du Caire, dans les années 80. Médecin comme son père, il respecte les traditions familiales et sa seule excentricité est ce dispensaire qu'il fait construire dans un quartier défavorisé pour donner de son temps aux plus démunis. C'est là qu'il fera une rencontre qui bouleversera l'équilibre de sa vie et remettra en question les choix qu'il n'a pas faits pour lui-même.

J'ai trouvé ce livre extrêmement bien écrit, le vocabulaire et les tournures sont recherchés sans être prétentieux et décrivent les sentiments avec justesse. L'originalité est bien sûr l'utilisation du "tu" pour désigner le personnage principal, et ce n'est pas ici un simple procédé littéraire puisque le "je" viendra sur la fin trouver sa place dans l'histoire. Dernier fait notable, c'est un premier roman par un jeune auteur déjà couronné de succès, dont je suivrai les prochaines sorties avec grand intérêt.

C'est un très bon livre. J'ai vraiment apprécié ma lecture. Ça se lit facilement. Il n'y manque rien, à mon avis. Surprise par l'utilisation de la deuxième personne du singulier et en même temps, ça passe tout seul et ça amène aussi une question : qui est le narrateur ? C'était vraiment sympa.

Un très bon premier roman, où le style narratif (2ème personne du singulier d'abord, puis 1ère et 3ème ensuite, pour finir avec la 1ère pers du pluriel!), un peu déroutant sur une première partie, colle parfaitement au final, avec l'évolution de l'histoire...Une belle découverte!

J'avais envie de vous donner mon avis sur "Ce que je sais de toi" de Eric Chacour aux éditions Philippe Rey.

Dans ce roman qui nous emmène en Egypte entre les années 60 et 2000, nous faisons la connaissance de Tarek, un jeune homme qui a repris le cabinet médical de son père, aujourd’hui décédé. Désormais, entourée que d’une seule présence féminine, sa mère, sa sœur, son épouse et la domestique de la famille. Tarek mène une vie heureuse et paisible. Une vie paisible jusqu’à sa rencontre avec Ali, un jeune homme venu le solliciter pour soigner sa mère.

Ali va éveiller chez Tarek des sentiments et des émotions qu’un homme ne peut décemment ressentir en Egypte. Tarek découvre avec Ali son homosexualité.

L’intrigue est construite selon trois angles, trois regards : le Moi, le Toi et le Nous, habile manière de décliner et de nous faire partager les ressentis des personnages. On remarquera aussi la présence d’un narrateur mystérieux dont on se demande jusqu’à la moitié du roman, qui il peut bien être.

A mon sens, ce n’est pas le sujet en soi qui fait la plus grande qualité de ce roman, ni vraiment le lieu où il se déroule, l’Egypte en pleine transformation, qui n’est finalement qu’un décor, mais c’est sa construction et la plume de l’auteur qui font toute la magie de ce roman.

Ce récit d’une passion cachée parce qu’interdite, cette tragédie moderne, est conté avec une plume bien particulière bien à lui, délicate et subtile, d'une grande sensibilité et c’est une des grandes forces de ce roman. Il m’a semblé que l’important n’était pas l’action mais l’ambiance qui s’en dégage, raffinement et poésie. C'est en tous cas mon ressenti, ma lecture personnelle...

C’est une belle histoire de sentiments, d’amour.

Impressionnant 1er roman. Une très jolie écriture, beaucoup de délicatesse et de tendresse. Un procédé narratif captivant. Une histoire belle et triste.

J'ai apprécié ma lecture. Au début, il a été difficile de m'adapter à la narration au "tu" ne sachant pas trop qui faisait la narration de l'histoire. Il s'agit d'une histoire de famille touchante et surtout déchirante à divers niveaux. Tout au long de ma lecture, je suis passée par plusieurs sentiments. On réalise aussi que d'avoir un métier prestigieux (médecin) n'aide pas nécessairement à régler tous les problèmes. Je recommande !

Bravo Eric Chacour pour ce livre passionnant, par son écriture simple mais très belle parfois même poétique, tout en douceur. C'est la première fois que je lisais un livre écrit à la deuxième personne du singulier, surprenant! on veut très vite comprendre qui nous parle. Simplement six personnages importants mais surtout Tarek et Ali, son amant.