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Une banderole de grève tendue entre les piliers d’une station Total partait en lambeaux, épuisée par la durée record du mouvement.
Afficher en entierSourire de bienveillance, cette fois, à l’égard de Loetoe Conami qu’elle défendait bec et ongles par un discours élogieux. Mais dès le début de la conversation, quelque chose mit Anato mal à l’aise. Une sensation floue, dans la maniere qu’elle avait de parler de son employé.
- Loete travaille au CNRS depuis 17 ans. Il a consacré sa vie à la station ! Jamais un accrochage, pas même une revendication syndicale. Il n’avait aucune raison de s’en prendre à eux.
- Un ouvrier modèle en fin de compte
- Exactement. Franchement, c’est un homme un peu rustre, un homme de la forête. Mais jamais il n’aurait fait ça, j’en suis convaicue. Il est inoffensif.
Inoffensif. Le mot était lâché, et permit au capitaine de préciser son jugement. Il y avait plus que de la bienveillance dans son témoignage. De la condescendance. Un gentil mépris. Fallait-il y voir, chez cette habituée des anciennes colonies européennes, un résidu enfoui du paternalisme qui caractérisait les colons plus tôt ? Ou simplement une forme de supériorité liée à la différence de statut social entre elle et l’ouvrier Ndjuka ? Anato s’interdit de conclure, mais cette attitude ne lui plaisait pas.(….) Derrière elle, le tableau sur lequel figurait une divinité indienne renforçait cette impression de suffisance
Afficher en entierCoupant un méandre, ils traversèrent un entrelacs de lianes entre lesquels ils glissèrent. Job fouilla les feuilles du regard, à la recherche d’un coq de roche adepte des milieux fermés. Plus loin, il se jeta sur une espèce rare de grenouille, la coinça au sol sous ses paumes, l’empoigna pour montrer sa parure ventrale au lieutenant. Quel drole de personnage, pensa Vacaresse. Passionné par la forêt, il sembla avoir oublié la mort de Feuerstein. Ici, il était bien, parmi les siens.
Le lieutenant, sans lui n’aurait repéré aucune de ces bestioles. Pour un non initié, ce qui frappait en premier lieu lorsqu’il pénétrait dans la jungle equatoriale, c’était son apparente vacuité. Jamais il ne croisait les serpents, mygales géantes et autres fauves qui alimentent les fantasmes citadins. La faune restait discrète, ne se dévoilant que sous conditions.
Il pleuvait sans arrêt, l’eau imbibait la tenue de Vacaresse, glissait sur la peau nue du batracologue.
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