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Deux atroces journées de souffrance et de découragement, deux journées dont je veux que le souvenir me soit une arme contre les épreuves à venir, puisque la force m'est restée alors de tenir quand même, et de ne point me renoncer. (p 78)
Ils regarderont ; ils verront le camarade s'affaisser ; ils se diront : "Tout à l'heure peut-être, ce sera moi ; dans une heure, dans une minute, pendant cette seconde qui passe, ce sera moi." Et ils auront peur dans toute leur chair. Ils auront peur, c'est certain, c'est fatal ; mais, ayant peur, ils resteront. (p 96)
Mais Pannechon, c'est là justement un des secrets de notre force : avec de toutes petites joies, nous savons faire du bonheur. - Vous dites bien ça, mon lieutenant. Alors, quand on a eu mal jusqu'à descendre au fond d'son courage, comme des fois, comme la nuit dernière, suffit d'une miette de joie pour nous r'donner goût à la vie. (p 258)
Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour nous qui nous battrons demain, nous qui mourrons, qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous qui étions des hommes et qui désespérons de jamais le redevenir ! (p 478)
Afficher en entierJe suis trop sensible moi aussi...
[...]
Lorsqu'on est trop sensible, qu'on aime assez la vie pour l'aimer même chez les autres ; lorsque la guerre, au lieu d'étouffer cet amour, l'exalte et l'exaspère de toutes les blessures qu'elle lui fait, on n'est pas un vrai chef militaire, on n'est pas un bon officier.
Afficher en entierPitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour qui nous nous battrons demain, nous qui mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions des hommes, et qui désespérons de jamais le redevenir.
Afficher en entier" Notre guerre... Vous et moi, quelques hommes, une centaine que j'ai connus... Je ne sais que cela, les gestes que nous avons faits, notre souffrance et notre gaîté, les mots que nous disions, les visages que nous avions parmi les autres visages, et votre mort. "
Afficher en entierCeux de 14 n'est pas un roman. C'est le récit chronologique de la guerre du sous-lieutenant Genevoix, de son départ de Châlons-sur-Marne vers la vallée de la Meuse, avec un détachement du 106e régiment d'infanterie, à son évacuation par une ambulance automobile de la Tranchée de Calonne jusqu'à l'hôpital de Verdun.
Afficher en entierIl ne me reste plus que moi, et l'image de vous que vous m'avez donnée.
Presque rien : trois sourires sur une toute petite photo, un vivant entre deux morts, la main posée sur leur épaule. Ils clignent des yeux, tous les trois, à cause du soleil printanier. Mais du soleil, sur la petite photo grise, que reste -t-il ?
Afficher en entierSi l'humanité n'était faite que de romanciers, il n'y aurait pas de guerres.
Afficher en entierDehors, je vois de la boue, un lac de boue qui submerge les prés, les routes et s'étale jusqu'au pied des collines. Le Montgirmont est une montagne de boue, aux pentes si molles qu'elles semblent s'affaisser, couler du haut en bas jusqu'à devoir s'engloutir dans la fange qui les assiège. Les hauts s'effacent, noyés dans l'épaisseur de la pluie. Seuls les sapins des Hures, serrés au faîte de la côte, barrent le ciel d'une ligne têtue et tiennent bon sous le déluge.
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