Extraits

Il avait un visage banal, celui de Monsieur tout le monde. Elle connaissait la folie, mais il n'était pas fou. Elle connaissait la terreur, mais il n'avait rien de terrifiant. Tout au moins pas en cet instant. Il excellait à dissimuler son excitation et sa hargne.

Ce meurtre pouvait-il réellement être identique à celui qu'elle avait inventé dans son roman ? Son cœur s'emballa tandis qu'elle imaginait les souffrances atroces que la malheureuse avait dû endurer.

Quand une affaire criminelle prenait un tour trop personnel, c'était la porte ouverte aux erreurs.

Les mauvaises nouvelles se propageaient comme une traînée de poudre, elle en voulait pour seule preuve l'attroupement devant sa maison.

Il est intelligent, mais est tellement persuadé de la bêtise des autres qu'il se sent obligé de donner des explications. Il ne s'agit pas d'un crime passionnel ou crapuleux. La préméditation prouve la santé mentale du meurtrier.

Un seul meurtre violent à mille kilomètres de chez elle avait détruit en quelques minutes les années de sérénité relative qu'elle avait péniblement réussi à se forger. La prise de conscience de sa complicité indirecte grandissait en elle de seconde en seconde. Elle était au bord de la nausée. Comment pourrait-elle se regarder en face si son imagination était à l'origine de ce crime odieux ? Si c'était un autre qui l'avait perpétré, l'idée d'appeler la première victime de Crime opportuniste Doreen Rodriguez n'en venait pas moins d'elle. Quelle perversion, quelle cruauté !

La mort était inéquitable et brutale. Elle creusait un sillon de souffrance dans le cœur de ceux qu'elle touchait. La mort n'était pas aveugle. C'était dans la douleur et le chagrin qu'elle puisait sa force.

Tout le monde n'est pas fait pour le mariage.

L'assassin lui avait ravi la seule joie cathartique de son existence : l'écriture, le plaisir d'inventer des intrigues où le bien triomphait toujours du mal.

Faire un tabac en librairie ! Elle se fichait pas mal de l'argent. Elle écrivait par besoin, pour purger la douleur qu'elle avait emmagasinée toutes ces années. Dans son univers de fiction, la justice sortait toujours gagnante, les méchants étaient punis et les victimes vengées. Le bien l'emportait sur le mal. Rien à voir avec le monde réel. Certes, des victimes obtenaient justice. Certains méchants recevaient le châtiment qu'ils méritaient. Parfois, le bien l'emportait sur le mal. Souvent, c'était l'inverse.