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Le visage de Tiny se plissa de confusion. « Te faut un surnom pour la rue. »
« C’est précisément ce que je me disais. J’étais en train de penser que je pourrais me faire appeler… »
Ma voix décrut puis s’éteignit, tandis que Tiny hochait la tête avec véhémence. « Tu peux pas te nommer toi-même. Seul le chef peut te donner un nom. »
Pearl se rabattit sur ma droite, me prenant en sandwich entre lui et
Tiny. « Je pense, pour l’instant, qu’on t’appellera Bizut. »
Je l’honorai d’un sourire feint. « Vous n’avez pas idée de la sensation que ça me procure, Pearl. »
Une discussion plus approfondie fut impossible, alors que les éléments de tête se dirigeaient hors de l’entrepôt. Nous rattrapâmes l’arrière et je laissai la moto de Pearl se glisser devant la mienne. Tiny, pour des raisons connues de lui seul, avait décidé, de façon évidente, qu’il serait mon « copain. » Il me rejoignit à l’arrière du groupe. Alors que nous quittions l’entrepôt, une énorme porte descendit lentement, barrant l’accès au bâtiment.
Les rues de Seattle, agencées en une confusion bariolée de réseaux recouvrant d’innombrables collines, luisaient d’un rose néon sous les lumières au sodium. La bruine et les volutes de brume dérivant du Sound qui s’étaient levées plus tôt dans la journée, donnaient à la conurb une impression de ville en sueur, embuée de vapeur. Les hauts immeubles sombres se rapprochaient les uns des autres, plus serrés que les séquoias du Tir, et je me sentais véritablement comme un étranger dans ce paysage de pierre.
Alors que nous descendions une colline, je vis la colonne entière de cuir et d’acier des Ancients se tortiller par les rues tel un serpent. Les piétons se figeaient comme des cerfs effrayés dans la lueur de nos phares, ou se bousculaient pour rejoindre l’asile offert par les ruelles sombres. Les citoyens normaux regardaient par les fenêtres des étages supérieurs, n’exposant que leurs yeux et le haut de leur crâne. Ils se pensaient en sécurité cette fois, mais je sentais le goût de leur crainte dans le vent.
À Seattle, les Ancients ne sont pas tant considérés comme un gang de motards, que comme une force de la nature.
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