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Extrait ajouté par ChrisFou 2020-08-24T08:11:09+02:00

J’ai ouvert une brèche en te convoquant symboliquement dans ce café fictif autour de pintes irréelles qui me glissent dans la gorge. J’ai ouvert la même brèche que lorsque je commence un roman.

Tu connais peut-être ça toi aussi, si tu as continué d’écrire. Tu commences par ouvrir un fichier sur ton ordi, tu jettes les bases, les contours, tu tapes quelques pages et puis tu dois t’arrêter pour faire à

manger, faire tourner une machine, aller chercher ton gosse à l’école, aller bosser, bref vivre. Et puis en vivant, l’histoire que tu as commencée continue dans ta tête. Les dialogues se lancent tout seuls, les personnages s’affinent, des visages s’y accrochent comme si tu faisais un casting, certaines tournures te ravissent tellement, que tu es dégoutté de ne pas pouvoir t’arrêter dans ce que tu fais pour reprendre sur le clavier l’histoire là où tu l’as laissée.

Comme une radio qui ne s’éteint jamais, qui fait une petite sourdine, un bruit de fond qui habille chacun de tes gestes. On croit qu’on dort, qu’on mange, qu’on regarde un film en famille, mais à

l’intérieur, l’histoire s’écrit toujours, comme un monologue sans fin et sans empreinte, et on pourrait passer, je crois, une vie entière à regretter de ne pas avoir de quoi écrire quand la phrase parfaite se pose comme un papillon sur une casserole qui déborde dans le feu du quotidien ou sur un mouchoir qu’on tend à son enfant alors que c’est déjà trop tard, qu’il a déjà éternué et qu’il en a partout.

Je ne veux pas, Christophe, que tu sois un bruit de fond. Oui, je te nomme, c’est la première fois, et

ça m’en donne une sueur froide. Ainsi, s’il me manquait quelque chose dans ce café imaginaire, c’est fini, j’ai tout, comme si le soleil qui cognait depuis le début de notre conversation contre la vitre avait fini par éclairer ton visage. Tu es là, ça y est, et tu me regardes.

Tu ne feras pas un geste, sinon je vais te gifler. Je te menotte sur la banquette en plastique molletonné

de ce bistrot archétypal, tes mains hyperactives ne me chercheront pas cette fois-ci, tu vas rester sagement assis sur tes maigres fesses osseuses et tu vas m’écouter, de bout en bout.

J’ai compris que ça y est, ça arrive, j’ai toujours su que j’allais faire quelque chose avec mes Joanas, et bien, c’est maintenant. J’aurais voulu, tu vois, en faire une histoire, une histoire d’ados, avec une belle narration omnisciente qui aurait donné du volume et de l’étayage aux personnages, j’aurais réécrit Martin, Max, Rémi, Marie, et puis toi bien sûr, j’aurais redessiné chaque contour de mes souvenirs pour donner à tes perversions des qualités littéraires. J’aurais ajouté des choses comme le font tous les écrivains, j’aurais rejoué des scènes au ralenti, passé sous silence les épisodes trop banals, en un mot, j’aurais sublimé.

Mais devant ton regard, plus rien n’est sublime, alors je vais te parler, et cela va suffire.

2

Je vais donc, et cette fois-ci sans psy, aller chercher avec Joana mes souvenirs, et nommer précisément cette relation qui a été la nôtre, pour la dézinguer, la désosser, l’autopsier, lui faire perdre de sa superbe, de son drame, braquer ma lampe torche sur tes petits yeux torves et tes mains tordues.

Tu seras le héros odieux d’un livre que tu tiendras peut-être un jour dans ta main. Je t’imagine, aujourd’hui, alors que tu as 34 ans, passer la porte de ta maison de la presse qui fait aussi débit de tabac.

Il doit être 18 h 30. Tu entres donc un peu avant la fermeture chez Momo, qui vend des journaux, des cigarettes et des livres, tu n’as plus de tabac, ta journée de travail t’a harassé et tu es en retard pour chercher ton fils chez la nounou.

Et puis là, alors que Momo prépare ton paquet de tabac et ton paquet de filtres, tu te retournes machinalement, dans un geste fatigué pour faire craquer ton dos. Tu embrasses alors sans y penser la petite salle du regard. Soudain, tu sursautes. Ta rétine a déchiffré un nom que tu connais. Le mien.

Et contrairement à ton nom à toi, qui est d’une banalité qui doit parfois te meurtrir (tu as quand même trente-deux homonymes sur Facebook) mon nom à moi est assez rare.

Tu t’approches, presque hypnotisé. Tu prends le livre dans tes mains, tu le retournes avec précaution.

Une espèce de pensée que tu rejettes, mais qui t’assaille essaie de se frayer un chemin jusqu’à ta conscience.

Tu penses, merde, ça y est, elle a publié. Tu te dis même que tu ne vas pas l’acheter, que tu ne vas quand même pas augmenter mes ventes, et tout en te disant ça, parce que ça va vite les pensées, tout en te disant ça, tu as commencé de lire la quatrième de couverture.

Et là, comme une mise en abîme dont l’acuité mordante se referme sur son objet, tu comprends que dans ce livre, je parle de toi. Ton cœur s’accélère. C’est comme un automate que tu te rediriges vers

Momo, qui te demande, en tapant sur sa caisse enregistreuse comment va Lise et le petit.

Tu réponds d’une voix blanche qui ne t’appartient plus, tu n’entends même plus ce que tu dis, tu tends le livre à Momo, et il continue de te parler, bipe le livre, te le rend, te demande 24 euros 90 pour le tout, en se plaignant du temps pourri qu’il fait alors que l’année dernière on avait un bel été indien.

Tu surenchéris avec ardeur en tendant ton billet de cinquante et c’est à peine si tu sens ses doigts quand il te rend la monnaie.

Tu sors de la librairie, et tu fonces vers ta voiture. Il fait déjà nuit, mais en t’asseyant sur le siège conducteur, tu as la lumière orangée du réverbère qui te permet de lire la première page. Tu as envie de vomir et de me tuer.

Oui, je l’ai fait, je vais le faire, je vais tout dire avec l’aide de Joana, et tu n’auras pas d’autres choix que de me lire sans rien dire quand Lise dort, car tu n’as pas envie qu’elle sache, tu n’as pas envie qu’elle te voie comme moi je vais te dépeindre.

Alors, maintenant que tout le monde dort chez toi, maintenant que tu as rejoint le salon en pyjama et que as allumé la lampe indienne que Lise a eue à Noël de la part de ta mère, tu vas me faire le plaisir de t’imaginer dans un bar, un bar quelconque, un troquet symbolique, et tu vas t’imaginer devant moi.

— Laisse, je vais commander. Que prendras-tu, un demi ?

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