Extrait

Nous atteignîmes mon bureau et trouvâmes sa porte fermée. Mon estomac se noua – je l’avais laissée ouverte. Seul un mauvais coup justifierait son besoin d’intimité. Nous ouvrîmes la porte sans bruit. Amalia ne fouillait pas dans mes tiroirs mais était penchée au-dessus de la table de conférence à gauche de la pièce. Mon cœur se brisa quand je vis sa main posée sur le panneau de contrôle intégré dans la table. L’expression de concentration intense sur son visage ne laissait aucun doute sur le fait qu’elle piratait notre système. Mes crocs s’allongèrent alors que Ghan et moi nous nous emparâmes de nos blasters respectifs en même temps.

— Je te tiens ! Murmura Amalia, sa voix teintée d’excitation. À l’écran.

L’énorme écran monté sur le mur devant Amalia s’alluma, affichant la Salle de Situation où Lhor était assis à la table de conférence et travaillait sur sa tablette de données.

Mais qu’est-ce que…?

— Essaye d’esquiver ça ! Dit-elle à voix basse.

Lhor sursauta et fronça les sourcils en regardant sa tablette. Il tapa sur l’écran une ou deux fois, haussa des épaules puis continua de lire le contenu de son écran. Après quelques secondes, il sursauta à nouveau et leva la main d’un air interrogateur. Se redressant sur la chaise dans laquelle il était affalé, Lhor tapa plusieurs fois sur son écran, son froncement de sourcils s’accentuant.

Finalement, il balança sa tablette sur la table et leva les bras dans un geste d’exaspération.

— Nom de Gharah, mais quel est le problème de ce foutu machin ?

Amalia ricana. Sautant sur la pointe des pieds, elle battit des mains.

— Et vlan dans les dents, Sehr Kirnhan. Ça t’apprendra à te moquer de mon Xélixien !

Elle jouait un tour à Lhor. Aucun mot ne pourrait exprimer mon soulagement, même si ça ne prouvait pas qu’elle n’avait pas préalablement trafiqué nos secrets militaires. Je commençais à développer des sentiments pour elle, encore plus à cause d’hier soir. L’idée de devoir l’emprisonner et l’interroger pour espionnage me donnait la nausée.

Les lumières dans la Salle de Situation se mirent à clignoter. Lhor se leva de sa chaise, regardant autour de lui complètement éberlué. Amalia jeta la tête vers l’arrière et éclata d’un rire guttural vers le plafond. L’expression ahurie de Lhor aurait été comique n’eut été du désarroi qui me rongeait le sang.

Ghan entra dans la pièce, totalement silencieux. Amalia sursauta violemment quand sa grande main prit les commandes du panneau de contrôle. En dépit de sa taille d’un mètre quatre-vingt-dix, Amalia arrivait à peine à la poitrine de Ghan. Elle dut pencher la tête complètement vers l’arrière pour regarder son visage.

— Houlà, vous êtes gigantesque, dit-elle d’une petite voix aigüe, avant de me lancer un regard coupable.

Ghan la dévisagea, l’air impassible, avant d’allumer l’écran dans la Salle de Situation. Lhor se retourna vers l’écran, surpris de nous voir.

— Tout va bien, Lhor, dit Ghan à travers le système de com. Il semblerait que Seha Praghan avait un compte à régler avec toi quant à ses aptitudes linguistiques.

Lhor regarda Amalia, bouche bée. Elle lui adressa un sourire penaud et se tordit les mains. Il referma la bouche et inclina la tête avec respect. Mais le sourire se dessinant sur ses lèvres en disait long sur le fait qu’il comptait prendre sa revanche.

— Nous te rejoindrons sous peu, dit Ghan à Lhor avant de clore la communication.