Extraits

Un mythe n'est pas fait pour qu'on dise qu'il est vrai ou non.

La brume qui emplissait l’air extérieur s’était immiscée dans la salle, entourant Gweriarwen jusqu’à la faire complètement disparaître. Il était impossible de la voir à travers l’épaisseur vaporeuse qui avait pris possession de l’entièreté de son corps. Dans un sifflement assourdissant, elle fut aspirée à l’intérieur de la baptisée, passant par sa bouche béante et déformée, par son nez ainsi que par l’intérieur de ses yeux noirs et démoniaques. Lorsque la fumée fut parfaitement dissipée, elle tomba à genoux, agrippant la peau de son dos et criant de douleur. La lame s’échappa de ses mains pour s’écraser sur la pierre immaculée dans un tintement complètement étouffé par les plaintes de la jeune fille. Les muscles de ses omoplates se soulevaient et se déformaient, déchirant son épiderme. Sans plus attendre, le roi ramassa la dague et tint fermement ses épaules avant d’inciser la chair qui remuait continuellement, sous le regard fasciné de la foule. Les os de la jeune fille se disloquaient, faisant résonner dans l’enceinte des craquements tous plus sinistres les uns que les autres.

Valar plissa les yeux, tentant de mieux discerner ce qui lui provoquait tant de douleurs. Une ossature ensanglantée se frayait un chemin à travers les morceaux de peau déchirée qui composait alors son dos. Lorsqu’ils furent tous libérés, ils se déployèrent, dévoilant un nouveau tissu humain bardé d’une substance visqueuse. Les yeux du chef des armées s’écarquillèrent avec horreur. Il n’avait jamais vu cela auparavant. Ses ailes neuves et étendues étaient uniques, monstrueuses. Elle s’effondra , finalement épuisée, s’entourant instinctivement dans son cocon poisseux et rougeâtre, avant de tomber dans les douces ténèbres de son sommeil. Ses plaies s’étaient déjà refermées. Instantanément.       

Quelle était cette créature que le roi avait créée? Le fausserole sentit son estomac se soulever et son corps se raidir. Sans plus de manières, il sortit précipitamment au milieu du silence régnant dans la salle du trône. Tous s’étaient figés, à la fois intrigués et scandalisés par la scène à laquelle ils venaient d’assister.