Extraits

… lui faut multiplier les tentatives pour qu'enfin la souris produise de double-clic … récompensé par l'ouverture d'une fenêtre …

Pour Maousse aussi, le réveil est brutal.

Maousse est toujours étonnée de sentir la main de Double-Clic, si rigide au lever redevenir agile.

Sir James Parkinson (1755-1824) aurait assurément préféré que l'on retienne de sa vie bien remplie, non seulement ses pamphlets politiques signés Old Hubert, mais aussi sa vaste contribution à d'autres causes.

De là à ne plus pouvoir se sentir, il n'y a qu'un nez, que dis-je ? Un roc, un pic, un cap, une péninsule.

Sir James Parkinson a enfin trouvé le temps de discuter avec Aloïs Alzheimer (1864-1915), … quarante ans après sa propre mort. Il lui confie que son patronyme fait encore plus peur que le sien.

Old Hubert a convoqué Aki, Bloblote et Carcan. Ils tiennent leur symposium annuel …

… tu affirmes qu'Alzheimer, Parkinson, Charcot, Huntington, Creutzfeld et Jacob, … ont été condamnés à porter le nom de la maladie qu'ils ont découverte, dans l'objectif de les punir pour leur découverte ?" … Personne ne périra jamais d'un Hippocrate du sein ou d'un Hippocrate du foie.

Il aimait protéger, il apprécie être soutenu

Old Hubert lui a retiré le voile de l'illusion.

« Un mois après l’annonce du diagnostic, Double-Clic a donc contacté Neighbor, spécialiste des « maladies de la motivation », terme issu d’une époque qui n’aime pas nommer la souffrance, et à la mode dans les milieux psychiatriques pour désigner les tendances dépressives. Très mal à l’aise mais contraint de s’ouvrir, il a d’abord rappelé une phrase de Steve Jobs : « Parfois la vie vous envoie une brique en pleine figure ». Elle a acquiescé sans dire un mot..»

Il a du mal à contenir son émotion et se laisse couler dans les bras de sa douce. Elle n’a à cet instant qu’une vague connaissance de ce mal désigné pour la première fois, elle comprend pourtant dans ce rare abandon que la vie ne sera plus comme avant.

Pour la première fois, ce jour-là, Old Hubert impose sa présence au couple. Et, pour ne rien vous cacher, partager leur lit avec un inconnu n’avait jamais figuré au rang de leurs fantasmes, même les plus secrets… Avec un vieil Anglais, même anobli, n’en parlons pas.

Ksar Massa, côte sud du Maroc, 4 h 48 - juin 2007

Clic. Le mouvement de l'obturateur fige l'instantané.

Hasni, le photographe leur fait signe qu'ils peuvent se disperser. Ils sont une bonne cinquantaine à y figurer. La plupart sont vêtus de djellabas blanches, habit de circonstance acheté dans un souk touristique. Ils ont beaucoup parlé, bu, ri et dansé.

Ils sont fatigués mais heureux de ce dépaysement. Le soleil vient enfin de sortir de derrière les montagnes désertiques qui entourent leur hôtel. C'est dans la tradition de leurs séminaires annuels de finir par une nuit blanche avant de reprendre l'avion sur Paris. Celui-ci n'a pas dérogé à la règle.

Le retour sera calme, le trop-plein de fatigue raccourcira le vol. Trop tôt, ce sera Roissy et demain à nouveau le travail, ils feront de leur mieux pour assumer leur mission.

C'est là qu'il entame sa négociation sur son espérance de vie terrestre, prenant bien soin de consigner dans sa prière qu'il était conscient qu'elle représentait bien peu de choses eu égard à la vie éternelle à laquelle nous pouvons tous prétendre.

Il a repris ses esprits mais ne parvient pas à refréner une anxiété naturelle, décuplée par ce diagnostic.

Il rentre chez lui. Aime-See finit de dîner avec ses quatre enfants. Il dissimule du mieux qu'il peut son actualité et prend conscience, comme jamais auparavant, de l'importance que ces cinq-là ont pour lui. Son cœur se pince à l'idée de bouleverser bientôt ce bonheur sans nuage.

Un gangster retraité, après sa rencontre avec Old Hubert s'est pris d'addiction pour les bétonneuses orange et leurs chauffeurs. Comme c'est difficile à trouver dans le commerce, le riche collectionneur a mandaté une équipe spécialisée pour s'en procurer. Un des enlèvements a tourné au drame, le béton étant lourdement armé.

Double-Clic, satisfait de sa production matinale, en reste là avec son blog. Il en a assez fait. Il ferme sa session. Des photos passent en boucle sur l'écran. Il sourit quand revient la photo de groupe de Ksar Massa. Il avait fière allure, tout blond, dans sa djellaba noire. Une rencontre a changé sa vie.