Extraits

Mais il y avait ce petit bonhomme, et ses grands yeux noirs, qui semblait tout attendre de son père: le miracle comme le banal; seuls les jeunes enfants et les animaux peuvent nous responsabiliser à ce point, ancrer leur confiance si loin en nous, donner un sens, une nécessité à chacun des gestes du quotidien, fussent-ils les plus insignifiants.

L’homme n’est-il pas le premier instrument de son malheur ?

Et il pense à cette vie, faite de moments si fragiles, si fugaces, un regard qui trouve son écho dans les yeux de l’autre, ou pas… une caresse qui trouve son frisson sur la peau de l’autre, ou pas.

Infiniment simple, infiniment complique, toute une vie, jouée en un instant parfois… ou pas.

Ne pas avoir fait le bon choix, pas assez vite, pas la bonne personne, pas le bon moment, pas la bonne vie, pas celle qu’on voulait… ou, peut-être si, justement, inconsciemment.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un livre sous la main : enfant, ça me permettait d’échapper au monde que les adultes m’imposaient, de vivre des aventures extraordinaires par procuration, et aujourd’hui, c’est comme un sas entre la vie réelle et le monde des rêves.