Extrait

Je ramassai une pomme tombée sur le sol et je la fourrai dans un cageot. L'anneau de bois que Calvin m'avait offert la veille glissa sur mon poignet. J'avais reçu des cadeaux préparés dans le secret, même Eloi m'avait donné une espèce de de carnet fermant à l'aide d'un cadenas. J'avais vécu un Noël en familiale, c'était nouveau, je ne connaissais pas.

J'effleurais le bracelet de Calvin, il était un peu grand pour moi. Je le retirai et l'élevais à hauteur de mes yeux. Puis je fermais le yeux en serrant très fort les paupières. Gabrielle m'avait dit un jour que pour donner aux voeux une chance de de réussir, il faut serrer jusqu'à en pleurer.

J'ai tenu bon jusqu'aux premiers picotements et quand les larmes se sont mises à couler sur mes joues, j'ai relâché la pression.

Mais c'était trop tard, j'avais ouvert les vannes, je n'arrivais plus à me calmer. Tout y est passé, cette saloperie d'enfance qu'on m'avait donnée, les injustices qui font qu'un jour on bascule brutalement de l'innocence vers la haine des autres sans savoir comment on en est arrivé là.

Ma mère aussi. J'ai essayé de me rappeler quelque chose de positif à son sujet et rien n'est venu. Rien.

Alors j'ai pleuré encore plus fort je n'ai même pas entendu la porte s'ouvrir. J'ai senti des bras autour de moi et une bouche qui cherchait la mienne.

C'est l'odeur de l'alcool ou peut-être celle de la sueur qui m'a alertée. Eloi essayait de m'embrasser. Je l'ai repoussé de toutes mes forces en serrant les dents pour l'empêcher d'aller au-delà du barrage. Il a finit par rire en se détachant de moi.

-T'en fais des histoires, Malka ! T'avais besoin de réconfort, non ? A-t-il dit.

-Fous le camp, lui ai-je craché au visage.

-Comme tu veux. Au fait, Emma te cherche.