Extraits

Une fois, lorsqu’il avait environ six ans, il avait essayé de faire du popcorn dans une cocotte-minute, parce qu’il était seul à la maison et affamé, et ils avaient une machine à popcorn, mais il n’était pas arrivé à l’attraper. Heureusement, il ne s’était pas tué en faisant sauter la cuisine, mais le couvercle de l’autocuiseur s’était coincé, et lorsque son père était rentré, il pleurait sur la casserole, parce qu’il avait faim et que tout le popcorn étaitjuste là et qu’il ne pouvait pas ouvrir le couvercle.

Son père lui avait alors appris à faire des nouilles, puis des macaronis au fromage et même à ouvrir une boîte de haricots et ajouter des hot dogs. C’était Emmett qui avait trouvé le livre de cuisine pour les enfants à la bibliothèque puis la mère de Vinnie, Flora, l’avait aidé à réaliser les recettes de base.

Oh, bon sang. Des larmes. Il était si fatigué de pleurer. Mais ça ne semblait pas avoir d’importance, parce qu’elles avaient envahi ses yeux, pris son corps. Mais tout comme ses larmes sur Christine avaient le goût du balayage d’un barrage refoulé, celles-ci symbolisaient la guérison.

— Elle ne dit pas à sa sœur que je fais aussi partie de la famille. Elle ne m’invite pas à Noël avec mes sœurs et mon frère parce que mon père ne la laisse pas faire. Elle ne tient pas tête à mon père sur le fait que je suis aussi de la famille. Alors, tu sais. Les mères. Ce n’est pas du tout ce qu’on en dit

— Je n’ai jamais été destiné à m’installer avec une fille. Et j’ai continué à mentir à ce sujet. Et maintenant, je vous ai tous blessés. Je suis désolé, mais ça n’arrangera pas les choses, alors, euh, tu sais. Continue à faire ce que tu faisais. Juste… eh bien, George est dans la salle de bain, alors si tu pouvais la laisser en dehors de tout ça, je t’en serais vraiment reconnaissant.

— Chris ? dit-il, se sentant ridicule, une personne réelle prise dans une sitcom, une blague racontée autour de la table du dîner, ses fesses à l’air pour que tout le monde le voie. Chris, tu pourrais aller dans le salon une minute ? Kee et moi avons besoin de temps.

— La famille de Vinnie m’a sauvé la vie. J’ai toujours eu cette vision, tu sais ? Un jour, j’amènerais quelqu’un chez eux et ils n’auraient plus à s’inquiéter pour moi. Je ne serais plus l’enfant perdu sous le porche.

Keegan tendit la main et prit une carotte dans le bol à côté et il la mit dans sa bouche. Il la mâcha et avala avant de demander avec délicatesse :

— Étais-tu le gamin perdu sous le porche ?

— Mon père ne parlait pas pendant des jours, Kee, répondit-il en haussant les épaules. Il y avait probablement « Tu vas bien ? » ou « As-tu déjeuné ? », mais, au-delà de ça, je ne me souviens d’aucun contact réel avant d’avoir appris à jouer aux échecs. Il me nourrissait, attachait mes chaussures et m’achetait à manger. Il m’embrassait même pour me souhaiter une bonne nuit. Mais, il n’avait… simplement rien à dire. Certains jours, je ne supportais plus tout ce calme et je finissais sous leur porche. Flora me nourrissait – des biscuits habituellement – et Vinnie faisait ses devoirs avec moi. Parfois, elle appelait mon père et je restais. Mais… tu sais. Je veux du bruit dans ma maison. De l’aventure.