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Ce n’est que lorsqu’elle pénétra, escortée de Jës, dans l’immense salle voûtée, au plafond décoré d’une fresque représentant cinq des oiseaux d’Ordre se pourchassant en cercle, qu’elle reconnut enfin l’endroit. Tout était resté comme dans son souvenir, jusqu’aux lumières magiques qui éclairaient les murs. Elle se demanda combien de temps encore elles continueraient à briller, sans le sorcier qui les avait conçues
Afficher en entierCe soir-là, dans le temple d'Hennëa, un Barde célébra en chansons des exploits héroïques, des amours perdues et des hommes morts au combat. Il chanta seul, mais fut aussi accompagné de ses enfants, des natifs de Reidern aux voix pures et sincères. Quand le soleil se leva, les spectres disparurent.
Le Barde et sa famille s'installèrent quelques temps, explorèrent la cité mythique, mais, juste avant le début de l'automne, ils quittèrent ces lieux intemporels et refermèrent les lourdes portes de bronze.
L'étrange Colossaë avait encore de nombreux secrets, mais ils attendraient bien quelques siècles.
Tiëragan de Reidern ramena sa famille au bercail.
Afficher en entierS'il pleut à l'extérieur et que tu rentres à l'intérieur, tu ne sentiras pas la pluie : mais une fois dehors, tu t'apercevras que tu es trempé. Si tu grelottes de froid et que tu viens te réfugier à l'intérieur, tu te sentiras bien au chaud et en sécurité, mais tu y mourras de froid quand même.
Afficher en entierJës cligna des yeux, et l’Autre, le Gardien, refit aussitôt surface. Tiër ne l’avait jamais vu se transformer ainsi auparavant : passer de Gardien à Jës, et inversement, en l’espace d’un instant. Cet étrange phénomène intrigua fortement Tiër : pourquoi avait-il fallu que Jës réponde à cette question, et non le Gardien ? La réponse était pourtant évidente : ses enfants savaient très bien qu’en tant que Barde, leur père pouvait repérer un mensonge aussi clairement qu’une fausse note. Était-ce parce que le Gardien aurait menti s’il avait répondu ? Était-ce pour cette raison qu’il avait laissé Jës répondre à sa place ?
Afficher en entierIl voyageait près de Tiër, forçant sa propre monture, un robuste alezan, à suivre le rythme lent du petit cheval qu’avait choisi le Barde. Brewydd, en effet, s’était approprié Skew pour le voyage de retour jusqu’au camp, avec l’assentiment de son propriétaire. Après son pénible travail de Guérison, elle s’était trouvée incapable de revenir seule jusqu’aux chevaux ; Lehr avait dû la porter jusqu’au vieux hongre. La vieille Alouette était peut-être épuisée, vidée de toutes ses forces, mais au moins les blessés guériraient.
Afficher en entierPour Séraphe, quiconque croyait cela n’avait jamais vu de troll. Celui-ci était doté de petits yeux rouges trop rapprochés, et profondément enfoncés dans une tête presque aussi large que celle de Skew. Deux trous servaient de nez à cette face difforme. Deux défenses jaunies s’échappaient de sa gueule et retroussaient sa lèvre inférieure, si bien que l’on distinguait, très visiblement, des dents de la taille d’une main humaine, capables d’ouvrir un crâne de vache.
Afficher en entierUn sorcier n’aurait jamais quitté le temple sans récupérer les livres. Hennëa n’était donc pas une sorcière ordinaire, mais bien un Corbeau. Et, dans la mesure où les Ténébreux étaient tous des sorciers, elle n’était pas le Ténébreux non plus. Ces conclusions soulagèrent Séraphe plus qu’elle aurait pensé. Même si elle ne croyait pas réellement qu’un Ténébreux puisse côtoyer Jës et Lehr sans alerter l’un ou l’autre, les remarques de Tiër au sujet d’Hennëa l’avaient inquiétée, elle s’en rendait compte seulement maintenant. Si Hennëa était plus âgée qu’elle en avait l’air, l’explication était à chercher ailleurs.
Afficher en entierElle avait toujours pensé que l’excavation sous la montagne était trop profonde pour avoir été creusée durant la courte période comprise entre l’arrivée du nouveau Septe de Leheigh – escorté de Volis et d’autres mages noirs – et l’ouverture du temple des Cinq Divinités. Manifestement, elle avait vu juste : les tunnels souterrains lui apprirent qu’ils avaient été creusés en secret, bien des années plus tôt, afin d’y dissimuler les biens du percepteur du Septe. Lorsque Volis avait fait venir ses ouvriers à Reidern pour creuser le temple, ces derniers avaient découvert les fameux tunnels, tout à fait par hasard. Elle se demanda si Willon, dont l’échoppe était bâtie au même niveau que les tunnels, était au courant de leur existence.
Afficher en entier– Merci, Jës. (Tiër étala aussitôt le parchemin devant lui sur le lit. Puis, après l’avoir étudié quelque temps, il pointa le doigt sur un endroit précis.) C’est ici qu’on s’est séparés, avec Benroln. Voilà la route qu’il a empruntée. (Jës n’arrivait pas à lire, étant donné que la carte était à l’envers, mais le Gardien, lui, y parvenait.) Edren, lut Tiër. Upsarian, Colbern. (Il sembla hésiter, puis posa le doigt sur ce dernier hameau.) Willon a pris cette route-là pour revenir jusqu’à Reidern. (Il suivit du doigt l’une des trois routes qui, depuis Taëla, menaient à la fois vers l’est et vers l’ouest.) C’est plus facile pour y transporter des chariots, car il y a des ponts pour traverser les rivières. Willon a dit qu’il était passé par Colbern, un petit village comme Leheigh. D’après lui, ils avaient fermé les portes, à cause de la peste. (Le Gardien, qui jusque-là s’amusait à pointer, pour Jës, les inexactitudes de la carte, se mit aussitôt en alerte. Tiër regarda fixement Lehr.) Je me suis demandé ce qui avait bien pu appeler Benroln au loin, alors qu’il y avait un troll à Reidern. Mais la peste, ça explique tout.
Afficher en entierElle aurait dû être partie, pourtant. La Guérisseuse Voyageuse lui avait expliqué qu’il s’agissait du spectre du Corbeau-Mage dont il avait assisté, par hasard, au meurtre. Dès qu’elle aurait tué les personnes responsables de sa mort, elle devait cesser d’exister à jamais. Il était persuadé qu’elle avait disparu. Il n’avait plus revu la Mémoire depuis la nuit où elle avait décimé les Maîtres du Chemin, les sorciers qui avaient tué le Corbeau qu’elle était autrefois, afin de s’approprier ses pouvoirs. En commettant cet acte, ils avaient libéré la Mémoire, qui s’était attachée à la seule personne qui n’était pas immunisée contre sa magie : Phorän.
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