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Le changement qui s’était produit chez mon meilleur ami, Crawford Tillinghast, était d’une horreur dépassant l’imagination. Il y avait deux mois et demi que je ne l’avais revu, depuis le jour où il m’avait révélé l’objectif de ses recherches physiques et métaphysiques, et avait réagi à mes remontrances sidérées, voire presque craintives, en me chassant de son laboratoire et de sa maison dans un accès de colère fanatique. Je savais qu’il passait désormais le plus clair de son temps cloîtré avec sa maudite machine électrique dans le grenier où il conduisait ses recherches, qu’il mangeait peu et que même les domestiques ne pouvaient entrer ; mais je n’aurais jamais cru que dix petites semaines suffiraient à changer et défigurer à ce point une créature humaine. Il est déplaisant de voir un homme robuste s’amaigrir subitement autant, et plus encore de constater que sa peau lâche devient jaunâtre ou grise, que ses yeux sont enfoncés, cernés, et brûlent d’un éclat inquiétant, que son front est ridé et couvert de veines, et que ses mains sont agitées de tremblements convulsifs. Ajoutez-y une crasse repoussante, une tenue totalement débraillée, une tignasse brune aux racines blanches et une barbe, elle aussi blanche, poussant librement sur un visage jadis rasé de près, et vous obtiendrez au final une vision tout à fait choquante.
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