Extraits

Cette colère que j'éprouve pour toi, ici et maintenant, c'est celle que tu as retournée contre toi à l'époque. Me voilà de retour, dans le piège. La répétition d'une colère refoulée. Ton expérience à Londres ne t'a pas libérée, et cet échec t'a fait enrager. Toute cette histoire n'est peut-être qu'une tentative d'arrêter le manège, ne plus tourner en boucle sur moi-même. L'autofiction à son comble.

Ce qui va t'arriver ensuite, c'est la spirale. Tu vas aller de plus en plus mal. T'entourer de marginaux et de drogués ne va pas t'aider.

Je ne peux pas réécrire l'histoire. Pas celle-là. Tout ce que je peux faire, c'est t'insuffler un espoir: n'oublie jamais, aux heures les plus sombres, que tu vas t'en sortir.

Vivre libre, c'est mener l'existence que l'on porte en soi.

Tes cicatrices ne sont pas des stigmates, ce sont tes trophées de guerre. Les preuves de ton incroyable instinct de survie, de ton puissant désir de vivre.

Cette couche qui te sépare du monde n'est pas éternelle ni toute-puissante. Et je peux t'assurer aujourd'hui qu'un fantôme, ça s'apprivoise. Mais ça ne se tue pas. Ou toi avec.

Tu n'as pas l'impression d'exister. Tu te sens transparente, piégée à l'intérieur d'un fantôme que l'on prend pour toi. Tu traînes ce corps qui n'est pas le tien. Il t'étouffe.

Je t'en veux d'avoir fait une crise d'adolescence aussi morbide. Je t'en veux de ne pas avoir trouvé d'autres moyens de t'exprimer que l'autodestruction. Je t'en veux d'avoir lâché notre corps comme si c'était un corps étranger. Je t'en veux profondément de m'avoir fait vivre une errance dont je mettrai des années à me remettre.

Tu préfères le monde des bas-fonds à l'illusion.

Ton horizon de fille, c'est d'être aspirée dans le foyer. Tu devras enfanter pour que le cercle vicieux ne s'arrête jamais.

Rien ne peut être pire que ton état intérieur, penses-tu, donc tu ne te méfies pas du monde extérieur.

Le mal-être que tu ressens intensément n'a pas totalement disparu de moi, mais il s'est apaisé. Il s'est peu à peu retiré comme une vague déferle sur le rivage, puis se transforme en écume.