Extraits

« Pourquoi as-tu ressenti le besoin de te mentir à toi-même pour commencer ? Qui avait-il de si repoussant chez moi ? »

Il eut l’air surpris. « Rien, évidemment. C’est juste que… tu viens de la maison de mes vieux ennemies, et tu semblais ne rien ressentir pour moi. Tu as brisé ton serment envers moi quand tu as promis de me rejoindre à Trinovantum et quand tu m’as retrouvé à Hawkwood, je t’ai demandé pourquoi tu étais venue. Tu m’as donné pleins de raisons, mais aucune n’était celle que j’avais envie d’entendre. »

Une sombre chaleur se répandit dans mon sang, réchauffant mes joues et faisant rougir ma poitrine. « Quelle était-elle, exactement ? »

« Que tu étais venue à cause de moi, » murmura-t-il.

Je ne dis rien, mon cœur s’envolant dans ma poitrine.

« Dès le moment où je t’ai rencontrée, » continua-t-il « je me suis senti attiré par toi, comme si un fil invisible nous reliait, me poussait vers toi. Mais tu ne ressentais pas la même chose. Ca ressemblait à une malédiction. »

Je le fixai, essayant de calmer ma respiration. « Tu pensais que c’était ta malédiction. »

« La fille de la Cour des Terreurs, qui ne connaît pas les habitudes faes, qui ne pouvait pas sentir le lien, qui ne ressentait aucune connexion envers moi. La plupart des femmes sont attirées par moi, mais toi… mon âme sœur… tu ne semblais ressentir que de la luxure, pas de la loyauté. Une malédiction venue des dieux. »

« Et pourquoi serais-tu maudit, Roan ? »

Des ombres passèrent devant ses yeux, mais il ne répondit pas. Même si nous étions des âmes-sœurs, il n’était pas prêt à divulguer tous ses secrets.

- Oh que oui, lui dis-je en hochant la tête. Elle a hurlé, et sa mort a été lente. J’ai vu du regret dans ses yeux.

- À quoi ressemblait son cri ? demanda-t-il.

- À un millier d’esprits démoniaques s’échappant de ses entrailles. Telle une chorale de souffrance. C’était magnifique.

J’avais décidé d’embellir l’histoire. Coel me donna une tape sur l’épaule en disant :

- Roan, je dois bien avouer que votre petit lot et moi nous sommes bien trouvés.

Bon sang !

Je commençais à craindre d’avoir seulement ressenti les restes du pouvoir de la Pierre. Ses dernières lueurs, et rien d’autre.

Un sentiment de déception submergea ma poitrine. C’est fichu. J’ai perdu mon pouvoir. Alors que les Seelies s’apprêtent à nous attaquer.

Et qu’avions-nous dans notre arsenal ? Rien du tout ! Toutes nos armes avaient été volées. Et pas de pouvoir de l’effroi, non plus. Nous n’avions que le maigre espoir d’une alliance avec les autres Unseelies.

J’hésitai un instant, Nerius scintillant sur mon poignet droit, Elrine à ma gauche.

Je laissai finalement la présence glaciale du reflet me submerger lorsque je m’élançai.