Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
716 609
Membres
1 022 179

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

-jeannie, chuchota t il, ce qui me choqua a mon tour.

jeanne. le vrai nom de ma grand mere . elle avait fait confiance a cet homme et le lui avait dit je commencait a lui expliquer qu'il avait fait une erreur mais il secoua la tete fermant les yeux les serrant

- non vous n'etes pas elle

Afficher en entier

Prologue

J’avais huit ans quand ma mère m’a perdue lors d’une partie de cartes contre des zombies.

Ce n’était pas sa faute. Le blizzard soufflait. Six heures à tuer avant le coucher du soleil, égarées sur une route sinueuse du comté. La carte était mauvaise. Pas de visibilité. De la glace noire, des vents mugissants.

Je me souviens. Écrasée violemment contre ma ceinture de sécurité. Le break plongeant dans une crevasse, la neige montant aussi haut que ma fenêtre. Le bruit de la taule qui se froisse : le haut du pare-chocs, le pneu avant, ma portière. Au-dessous de nous, l’écho d’un craquement terrible.

Coincées. Emprisonnées. Au point mort sur nos quatre roues.

Plus que mortes. Ma mère me montra les clous regroupés dans la neige et la glace. De petites étoiles métalliques, si effilées que leurs pointes percèrent ma paume lorsque je me penchai pour en toucher une. Elle me désigna les pneus du doigt, leur caoutchouc déchiré, en lambeaux, en petits morceaux. Me dit de ne pas m’inquiéter. Appela cela un jeu.

Ma mère nettoya la route devant nous. Je la regardais depuis la voiture. Le visage pressé contre la vitre froide, embuée. Elle jongla avec les étoiles et les clous pour moi, et ne cilla pas lorsque leurs bouts pointus rebondirent sur ses mains tatouées. Elle dansait dans la neige qui tombait, les yeux brillants, les joues rosies du sang des roses, et lorsque je ne pus plus supporter de rester immobile, je la rejoignis. Elle attrapa mes poignets et me fit voltiger en des cercles immenses jusqu’à nous faire tomber.

Je me souviens de sa gaieté. Je me souviens.

Je me souviens que je ne voulais pas aller avec elle. Je voulais rester avec la voiture. Je voulais rester avec l’épave, mon foyer.

Écouter la radio. Jouer avec mes poupées. Ma mère ne l’autorisa pas. Trop dangereux. Trop de types bizarres. J’étais trop petite pour me débrouiller avec le calibre à douze coups planqué derrière le siège passager ou même avec le pistolet de la boîte à gants ; et les garçons dormaient encore. Tout pouvait arriver.

Alors nous nous emmitouflâmes. Fîmes l’effort de revenir sur nos pas dans le lourd silence de la neige et dans le cœur de l’hiver sans fin des arbres blancs fourchus. Ma mère me portait sur son dos. Je vis les nuages d’argent de ma respiration avalant les tatouages de sa nuque ; cet œil rouge paresseux, Zee, suivant les contours de mon visage dans ses rêves. Je sentais le renflement que formaient les couteaux sous le manteau de laine noire de ma mère, trop léger et trop court pour le blizzard, pour qui que ce soit d’autre qu’une femme qui ne sentait pas le froid. J’entendais la chanson qu’elle chantait. Elle couvrait le craquement de chaque coup de bottes sur la route déserte. « Folsom Prison Blues. » La voix comme un rayon de soleil et le grondement d’un train lent.

Un kilomètre devant nous, un quelconque bar local. Un poste solitaire. Sorti au milieu de nulle part, juste un abri, les néons de la forme d’une femme nue apparaissant et disparaissant à travers les vitres teintées, sales. Les tétons clignotant. Des pick-up garés dans le parking étroit, dont le sol avait été pelleté et salé. Des odeurs de nourriture grillée et d’huile de moteur brûlée dans mes narines.

Ma mère hésita devant le lieu, tout comme elle avait hésité plus tôt, lorsque nous étions passées devant en voiture. Elle vacilla, les épaules douloureuses. Nous deux couvertes de neige. Son visage m’était caché, mais je percevais sa tension. La respirais. Baissant les yeux, j’observai Zee qui luttait, somnolent, contre sa peau. Les tatouages commençaient à peler.

Nous entrâmes dans le bar. Ma mère laissa la porte se refermer dans un claquement derrière nous. J’étais incapable de voir quoi que ce soit : trop sombre, trop enfumé, trop de rires bruyants et de musique rock. Chaud comme un four comparé au froid du blizzard. Je m’accrochais à ma mère, le visage pressé contre sa nuque. Elle ne bougea pas. Elle ne parla pas. Elle se tenait dos à la porte, tellement immobile que je ne parvenais pas à sentir sa respiration, et tout autour de nous ces voix s’éteignirent jusqu’à mourir, et la musique, le hurlement bas, grondant, de la guitare électrique, se brisa et s’arrêta. Le silence s’installa. Lent, froid, lourd comme la neige. Plein – le mot que j’aurais utilisé pour le décrire. Enceint, empli de quelque chose de vivant et de mouvant, en gestation, dans cette matrice sombre et enfumée.

— Chasseuse Kiss, dit une voix profonde et basse. Madame la Chasseuse.

J’espionnais la scène par-dessus l’épaule de ma mère, au-delà des boucles noires lâches de ses cheveux criblés de neige. Elle serra ma jambe. Je passais outre. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Il était encore difficile de voir. Juste une lampe sur le bar, projetant un éclat, un cercle de feu qui n’atteignait pas la poignée d’hommes et de femmes dispersés comme des mouches dans la pénombre enfumée. Immobiles. En équilibre. En volutes.

Habillés de flanelle, de jean, accablés par le poids de leur épais pardessus, lourd et fendu. Chapeaux tirés bas. Des yeux comme des vieux puits – sombres, creux, avec seulement l’éclat de la lumière reflétée à l’ultime extrémité de leurs regards furtifs. Des auras noires comme les ténèbres. Ancrées et se tendant. Comme si une foule de fantômes se reposait au-dessus de leurs têtes.

Il n’y eut qu’un seul homme pour faire face à ma mère. Il portait un costume bleu et une cravate rayée qui miroitaient comme l’acier dans ses yeux enveloppés d’ombres. Cheveux blonds ondulés. Mâchoire carrée. Beau, peut-être. Un beau démon.

Zombie.

Tous, des zombies. Des enveloppes humaines. Vivantes.

Respirant. Possédées.

Ma mère me fit glisser jusqu’au sol. J’agrippai l’ourlet de son manteau. J’essayais de me faire petite. Je connaissais le danger. Je connaissais les menaces. Je reconnaissais un démon quand j’en croisais un.

Ma mère leva la main. Le métal jeta des étincelles entre ses doigts tatoués. Une étoile trouvée sur la route. Hérissée de pointes.

Le zombie sourit. Il leva lui aussi une main. Dans sa paume, un paquet de cartes.

— Tout ce que nous voulons, c’est jeter un coup d’œil, dit-il.

Juste un. Tu sais comment c’est.

— J’en sais assez.

Sa voix était si froide. Il ne pouvait s’agir de la même femme, de celle qui m’appartenait, ma mère. Sa main se resserra autour des pointes qui creusèrent sa peau, mais sans la percer, aussi fort qu’elle pût serrer. J’observai ses doigts, les tendons déformés.

J’entendis le métal geindre.

Le sourire du zombie s’élargit.

— Tirage d’une carte unique. La plus haute l’emporte.

— Si je refuse ?

— Maintenant ou plus tard. Tu connais les règles.

— Vous les pervertissez, répliqua ma mère. Vous pervertissez ce monde.

— Nous sommes des démons, répondit le zombie avec simplicité.

Il se déplaça sur le côté vers le bar délabré, sa surface marquée de cicatrices et mutilée par des années passées sous des coudes durs et des verres brisés. Cendriers trop pleins. Bouteilles rassemblées. Et tout était poisseux de marques de doigts ; l’air même, comme marqué, coupé par la fumée et la transpiration.

Ma mère observait le zombie. Elle les regarda tous et haussa les épaules. Sa veste glissa lentement, tombant sur le sol à côté d’elle.

Elle portait peu de vêtements. Un débardeur blanc près du corps, un harnais pour ses couteaux. Les tatouages argent descendaient en rappel le long de ses bras, rouges étincelant. Leurs yeux.

Ouverts et le regard fixe.

Personne ne bougea. Même le zombie en costume s’immobilisa.

Je vis leurs auras se tendre, se mettre à battre plus vite, plus fort.

La bouche de ma mère se tordit. Elle prit ma main. La serra une fois. Me conduisit au bar où le zombie attendait, appuyé contre un tabouret. Le sourire de ce dernier avait disparu. Il contemplait les tatouages. Sa paupière eut un tic.

Ma mère tapota le bar.

— La dernière fois, c’était les échecs.

— Tu avais dix ans, répliqua-t-il, s’arrachant à la contemplation des bras de ma mère. Et c’était le jeu de ta mère. Tu n’es pas elle.

— Montre-moi le paquet, répondit-elle, lèvres serrées.

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode